ROMANS

BJÖRNSDÓTTIR Sigríđur Hagalín « Éruptions, amour et autres cataclysmes », trad. de l’islandais par Éric BOURY, Gaïa éd., 01/24, 319 p., 23 € (Barbara MARTINEC) L’auteure jongle avec succès entre vulgarisation scientifique au sujet du volcanisme et une histoire d’amour qui prend au dépourvu sa protagoniste. On s’immerge complètement dans le contexte de vie islandais, et tous les personnages sont très bien caractérisés. À côté d’Anna, la plus prestigieuse volcanologue, une scientifique jusqu’au bout des ongles et femme raisonnable, vous allez vibrer devant les descriptions de la nature islandaise. Elle-même se laissera emporter par un tourbillon d’amour mettant ainsi en danger la vie de sa famille. Or, au travail aussi c’est tendu : suite à une éruption, Anna et tous ses collègues sont mobilisés par l’état d’urgence national, il y aura nécessairement des victimes. Quant à l’amant d’Anna, je vous invite à découvrir vous-mêmes qui est celui qui a su éveiller tout ce qui bouillonnait en elle mais ne se laissait pas voir jusque-là… Niveau 1. Achat conseillé.

 

BOUVET, Xavier – « Le bateau blanc » – éd. Le bruit du monde – 2024 – 290 p – 22 € (Annette FAVIER) En septembre 1944, les Allemands fuient l’Estonie qu’ils occupaient depuis trois ans et l’Union soviétique s’empresse d’envahir ce petit état balte. Quelques Estoniens vont tenter de fuir dans un bateau qui doit les sauver de la descente du rideau de fer. L’auteur a voulu décrire le destin d’êtres courageux. Malheureusement l’auteur a bien du mal à nous faire suivre l’itinéraire de ses héros car ils sont trop nombreux et de plus cette portion d’histoire est fort difficile à comprendre. Dommage !!!

 

BOYLE T.C « UN CIEL SI BLEU » GRASSET, février 2024, 518 pages, traduit de l’anglais (US) par Bernard TURLE (Monique Mazzucchi). Une famille américaine ordinaire. OTTILIE et FRANCK les parents sont sensibles à l’écologie (insectes de toutes sortes au menu, élevage d’abeille) CAT leur fille achète, un jour de déprime, un python birman comme on achète une robe…COOPER leur fils étudie les tiques et lors d’une randonnée se fait piquer par l’une d’elles… La Californie brûle, la Louisiane se noie. Avec un certain humour, T.C BOYLE, nous tient en haleine jusqu’à l’effroi dans ce thriller écologique ou le lecteur se demande à la fin de chaque chapitre quelle catastrophe va encore pouvoir frapper cette famille. Heureusement l’espoir renait à la fin du roman. À acheter Niveau1

 

DARRIEUSSECQ Marie « Fabriquer une femme » Ed. P.O.L, Janvier 2024, 336 pages (Josette SALVI) Dans les années 60, Rose et Solange grandissent au Pays basque, elles sont amies, voisines et partagent tout. Solange à 15 ans tombe enceinte, elle arrête le lycée, confie son bébé à sa mère. Rose d’un milieu bourgeois va suivre un chemin tout tracé, elle épouse Christian son amour de jeunesse, deviendra psychologue et mère. Solange va partir à Paris puis aux Etats-Unis pour assouvir son rêve de cinéma. Marie Darrieussecq s’interroge sur les différentes façons de devenir une femme, déterminisme social, reproduction d’un schéma, rébellion contre le patriarcat. Ce livre ne m’a pas emporté. Je trouve les deux personnages caricaturaux.  NIVEAU 1

 

DARRIEUSSECQ Marie « FABRIQUER UNE FEMME » Cl Charbonnel P.O.L.  Janvier 24, 331 pages, 21 euros. Les deux meilleures amies dans un village basque, a 15 ans leurs voies se séparent : Rose épousera Christian, son amoureux de toujours, fera un métier dans le « care », aura des enfants et une vie rangée. Solange, enceinte à 15 ans brûlera sa vie dans le théâtre, les brèves amours et la drogue……ont-elles choisi leur vie ou est-ce la société qui a déterminé leur vie ? Intéressant ;   niveau 1

 

DELANEY JP « TU NOUS APPARTIENS », éd Mazarine, 9/23,427 p 22,90€ (Gilles KRIKORIAN) Deux couples vont apprendre que leurs bébés ont été échangés à la naissance. Dès lors, une longue et difficile enquête commence pour éclairer les zones d’ombre de cette situation inhabituelle voire exceptionnelle. C’est un roman psychologique à deux voix, les 2 narrateurs, le père et la mère de l’un des 2 enfants. Au fur et à mesure que l’on avance dans l’histoire, on découvre les personnalités de chaque parent et leur combat acharné pour mettre en sécurité leurs progénitures.

L’auteur nous permet de nous approcher de l’intériorité des personnages afin de découvrir et de mieux comprendre leurs réactions, leurs points de vue et leurs émotions dans cette course effrénée à la victoire juridique. Écriture précise et claire ; le suspense est soutenu jusqu’au bout. Niveau 1

 

DEMBELE Diadié « Deux grands hommes et demi » J.C Lattès, 1/2024, 227 pages, 20,90€ (Céline DOBBELS) C’est l’histoire de deux amis, Manthia et Toko, originaires du même village. « mon ami-jumeau, mon ami coucher-lever, mon ami sérieux-sérieux, mon ami de cœur » La vie s’écoule tranquillement au village mais le réchauffement climatique les encercle, la pluie tombe de moins en moins, les récoltes sont de plus en plus médiocres. Alors, ils doivent partir à Bamako, la capitale, où un oncle a un commerce florissant. Ils sont logés, nourris et envoient de l’argent au village. Mais une révolution à Bamako les oblige à fuir une nouvelle fois. Cette fois, c’est la France. L’oncle leur a pris à chacun un billet d’avion. A Paris, un cousin les attend. Il a un grand appartement… Quelle désillusion, quel désenchantement, l’appartement est un foyer où il n’y a pas de place tous les soirs. C’est une très belle écriture, très poétique, très imagée. A lire pour savoir, pour mieux comprendre. À mes yeux, ce n’est pas un roman. C’est un document.

 

DEYA Claire « Un Monde à refaire » Les Éditions de l’Observatoire, 1/2024, 413p, 22€ (Milène THONY) Été 45 sur la Côte d’azur, la guerre est finie mais les plages sont truffées de mines laissées par les Allemands. Hyères, St Tropez, Ramatuelle, Pampelonne, Cavalaire, toutes minées. On estimait à 13 millions le nombre de mines posées par les Allemands pour empêcher le débarquement en Méditerranée. Fabien, 30 ans, après avoir été dans la Résistance, est devenu spécialiste du déminage. Il y avait peu de volontaires. Fabien est aussi à la recherche de la femme qu’il aime. Des prisonniers allemands l’aideront dans ses recherches. Beau 1er roman réussi. Niveau 1

 

EMERY Prudence & Ron BASE « Bienvenue à l’hôtel Savoy » Ed. La Martinière, trad. de l’anglais, 2/2024, 384p, 14,90€ (Alex ANTONINI) D’après les critiques un polar british bulle de champagne en fait bulle de savon. Une histoire minimaliste une intrigue loufoque (meurtre chez des néo nazis anglais avec la participation de princes italiens fascistes) dans le London des années 60. Chapitres courts, phrases courtes, marges énormes. Le livre se lit en une paire d’heures mais et c’est l’effet bulle de savon. S’oublie aussitôt. On préférera les détectives du Yorkshire ou Agatha Raisin dans le même genre. Niveau 0 à 1 à réserver aux bibliothèques qui ont de petits moyens et dont les lecteurs n’aiment pas les polars sanglants.

 

GAUTHEREAU, Nathalie: « Dans l œil de la vengeance « .éditions Rouergue noir. 22,80€.346p. Février 2024.

Dans la ville vivante, contrastée de Lyon qui sort du confinement, Kofi jeune Sénégalais clandestin livreur à vélo prend contact avec Maître Louise Pariset pour régulariser sa situation. 

Sollicitée par sa veuve, cette dernière s’occupe de la disparition d’un homme retrouvé mort dans les bois, un accident selon la police,  un meurtre  d ’après sa  femme. Puis c ’est au tour d’un dentiste aisé et respecté, ami d ’enfance du premier disparu, d’être massacré dans son cabinet,quand au troisième ami de ces notables, il commence à être harcelé. 

 C ’est que Le Borgne les a retrouvés, il erre dans les rues de Lyon et désire plus que tout se venger. Mais Kofi toujours sur ses gardes en effectuant ses livraisons a repéré le meurtrier.                            

 

Très bon roman policier qui donne à voir une bonne description  de Lyon sur un sujet  d’actualité, le harcèlement scolaire.les personnages sont très bien dépeints, touchants ,Le Borgne  est torturé  par la douleur , la haine et le désir de vengeance. Le suspense est bien mené, les différentes intrigues maîtrisées. 

A lire.

 

GRANN David « Les naufragés du Wager. Une histoire de naufrage, de mutinerie et de meurtres », trad. de l’anglais (États-Unis) par Johan-Frédérik HEL GUEDJ, Éditions du sous-sol, 08/23, 448 p., 23,50 € (Barbara MARTINEC) On est en 1740, en lointaines terres coloniales. L’auteur nous présente les rivalités entre l’impérialisme britannique et espagnol, les coutumes des peuples indigènes de la Patagonie, les défis que devaient affronter les survivants des navires de sa Majesté. La liste est longue. De sorte que le lecteur se perd dans la ribambelle d’actions et d’acteurs de cet exploit historique de la marine anglaise. Par ailleurs, l’évocation réitérée du piètre état physique et mental des marins – couplée à l’incessante suite d’épreuves qu’ils étaient amenés à affronter –, a contribué à ce que je trouve leur exploit tout à fait improbable, et proclame l’auteur tout à fait maladroit. Alors que l’effet escompté par lui devait être justement de faire croire aux lecteurs que la résilience des marins ait pu venir à bout de tous les défis. Dommage : écrit par un journaliste, cela reste un récit et, pour moi, un roman d’aventure raté.  Acheter si on veut.

 

HUISMAN Violaine « LES MONUMENTS DE PARIS » Cl Charbonnel

Gallimard, novembre 23, 278 pages, 19 euros. L’auteur, revenue des États Unis pour s’occuper de son père, vieillard en pleine déchéance, se gargarise des succès d’autrefois de celui qui fut un brillant haut fonctionnaire. « Les monuments de Paris » ce sont ces hommes qui incarnent l’élite politique d’autrefois… A la page 100 je m’ennuie trop, j’abandonne !

 

INCARDONA Joseph « Stella et l’Amérique » Ed. Finitude, 2024, 209p, 21€ (Milène THONY) Stella, jeune prostituée de 19 ans, vit dans une caravane dans le sud des Etats-Unis. Le bruit court qu’elle guérit des malades incurables. Une sainte qui guérit en vendant ses charmes !? Pas recevable pour Rome. Qui décide de faire disparaître Stella. Un jeune prêtre compatissant, ancien Marine, va l’aider à fuir le duo de meurtriers lancé à ses trousses. En voyageant en corbillard pour éviter l’hôtel. Roman drôle, plein de gouaille et d’argot, irrévérencieux, insolent et malicieux. Niveau 1   

 

INDRIDASON Arnaldur « LES PARIAS » Cl Charbonnel, Métailié, Février 24, 315 pages, 22,50 euros. Konrad, policier à la retraite, rumine les affaires qu’il n’a pas élucidées (et que l’auteur a évoquées dans ses livres précédents) la mort de son père, les trafics avec la base militaire américaine… Confus, lent, répétitif, ne pas acheter !

 

JONASSON Ragnar « REYKJAVIK » Cl Charbonnel. La Martinière, 0ctobre 23, (islandais), 435 pages, 22,50 euros. La jeune Lara a disparu il y a 30 ans sur un îlot proche de la capitale. Un jeune journaliste reprend l’affaire jusqu’au jour où il est assassiné, à sa jeune sœur de prendre la relève. Acheter si on peut.

 

KINGSOLVER Barbara « On m’appelle Demon Copperhead » Albin Michel, Février 2024, 605 pages (Josette SALVI) Damon (surnommé Demon ) ne nait pas au bon endroit, ni au bon moment. Sa mère de 18 ans est une toxico, son père est mort avant sa naissance. Ils vivent dans une caravane dans le comté de Lee, la capitale mondiale des perdants. Après la mort de sa mère d’une overdose, il sera exploité par plusieurs familles d’accueil et connaitra la fin et la honte. Devenu adolescent il tombera dans la drogue légale l’oxycontin qui est un des grands scandales sanitaires puisqu’il a entrainé la mort de 300 000 personnes. Le mot de résilience est bien trop faible pour Demon. Lui c’est un héros du monde moderne. Grâce à ses dons pour le dessin et des bonnes personnes il va tout surmonter. Ce David Copperfield de notre époque est passionnant. Bien sûr le roman fait 605 pages mais Demon les vaut bien… « Je m’appelle Demon Copperhead » a obtenu le Pulitzer 2023 avec Trust (qui est aussi un superbe roman). Niveau 2

 

MATHIEU Nicolas « LE CIEL OUVERT » Cl Charbonnel, Actes Sud, Février 24, 120 pages, 18,50 euros. 80 courts messages envoyés sur les réseaux ces 10 dernières années. Le « TU » est tantôt l’auteur, tantôt le « TU COLLECTIF » de tous ceux qui liront ces messages et partagent les mêmes vies, les mêmes colères, les mêmes désespoirs, mais aussi les mêmes amours filiaux et paternels. Un beau livre dont le prix, qui peut paraitre excessif étant donné le nombre de pages, s’explique par les magnifiques illustrations tourbillonnantes de couleurs qui l’accompagnent. À acheter.

 

MCCONAGHY Charlotte « Je pleure encore la beauté du monde » Gaïa Éditions, trad. de l’anglais (Australie) par Marie Chabin. 2/2024, 368p, 22,90€ (Céline DOBBELS) Une biologiste, Inti Flynn mène une enquête dans le cadre d’un programme de réintroduction du loup dans diverses régions du monde. Nous sommes dans les Highlands écossais. Certes, je pourrais reprendre simplement la 4éme de couverture. Mais ce roman m’a paru avoir comme thème : la violence. La violence qui ne vient pas forcément du loup mais celle qui existe dans les familles, dans les couples et dont les dégâts ne peuvent être que bien souvent colossaux et continuent de montrer leurs conséquences bien des années après. Bien sûr, l’héroïne est attachante. Elle est écologiste et écologue. Il est question des relations entre l’homme et la nature, l’homme et le sauvage. Mais, il me semble qu’au-delà des questions environnementales et écologiques, ce qui ressort de ce livre c’est que la violence a plusieurs formes. Lors de certains passages, j’ai pensé à Franck Bouysse. Livre non indispensable.

 

MONNIN Isabelle « Odette Froyard en trois façons » Gallimard, 1/2024, 266p + photos, 20€ (Milène THONY) Pendant le confinement, l’auteur décide d’écrire sur sa grand-mère Odette qu’elle avait connu pendant 20 ans. Elle avait 11 petits-enfants. Nous nous retrouvions tous les w.e et les congés. Odette était une petite dame un peu ronde, au visage doux avec des lunettes. Elle m’appelle son petit mouton à cause de mes cheveux frisés comme les siens. Avec elle j’avais la certitude d’être aimée. Elle ne part pas en vacances. Les travaux de sa maison l’occupent à temps plein. Elle met fruits et légumes du jardin en bocaux. Odette a eu 3 garçons avec Félicien son mari instituteur d’un collège où il était directeur et unique professeur de toutes les matières dans toutes les classes. Félicien était dur et s’était fâché avec ses fils qui avaient trop d’enfants. Odette était la 6ème d’une fratrie de 10. Sa mère, abandonnée par son mari, se retrouvera dans l’incapacité d’élever ses enfants et Odette sera placée dans un orphelinat maçonnique à Paris. Odette n’en avait jamais parlé à Isabelle. Endurer en se taisant. Une manière de se tenir. Une dignité. Les francs-maçons étaient poursuivis par les Nazis. Odette et Daniel, jeune juif venu d’Égypte, vont tomber follement amoureux. Il sera déporté. Le 1er né d’Odette s’appellera Daniel. Merveilleuse reconstruction d’une vie. La fiction ouvre un passage vers la réalité. Par l’auteur des gens dans l’enveloppe. Niveau 1

 

PERRETTI Camille de « L’Inconnue du portrait » Calmann-Levy, Janvier 2024, 350 pages (Josette SALVI) En 1910, Gustav Klimt peint le portrait d’une jeune femme inconnue. En 1916 à la demande de son propriétaire il est remanié. Dans les années 2000 il est volé et réapparait dans le jardin d’un musée italien. Quelle est l’histoire de ce « repeint » ? Isidore, est au départ cireur de chaussure à Manhattan, après 1929 et son mariage il deviendra un homme très riche. Autour d’Isidore il y a Marthe et Pearl. Nous découvrons au fur et à mesure du roman les liens qui unissent ces trois personnages. Les faits concernant le tableau sont réels. Le reste est pure imagination mais qu’importe puisque Camille de Perretti nous charme et nous émeut et donne à cette Inconnue du portrait un nom. Magnifique, à lire. Niveau 1   

 

ROLLIN Olivier « JUSQU’A CE QUE MORT S’EN SUIVE » Cl Charbonnel. Gallimard, Décembre 23, 203 pages, 19 euros. Deux révolutionnaires de 1848 exilés à Londres, que tout oppose engagés dans un duel à mort. Cournet, l’aventurier flamboyant, ex officier de marine, Barthélémy, l’ouvrier, sombre et doctrinaire. Dans « Les Misérables Hugo leur a consacré une page, Rollin développe l’histoire et revient sur les lieux, parisiens ou londoniens des drames. Passionnant mais un peu long sur la fin. Niveau 1,5.

 

ROUARD, Jean-Marie- « La Maitresse italienne » – Ed Galllimard-12/23- 19€-168 p. (Annette FAVIER) Napoléon en exil sur l’île d’Elbe, est surveillé par le jeune colonel Campbell. Le « grand Proscrit » semble s’habituer parfaitement à son exil commandité par les Anglais, ce, sur fond d’ailleurs de Congrès de Vienne ». Et son geôlier est bien laxiste, le laissant mener plutôt grand train, car une certaine Comtesse Miniaci le séduit. Celle-ci contribua- t-elle à l’évasion épique de Napoléon ? L’auteur, très documenté, est passionnant mais requiert pas mal d’attention.

 

ROUART Jean-Marie « La maîtresse italienne », Gallimard, 01/24, 169 p., 19 € (Barbara MARTINEC) C’est un roman historique décrivant l’exil de Napoléon sur l’île d’Elbe. D’un chapitre à l’autre l’auteur nous présente un nouveau personnage, des fois sans même le nommer – c’est au lecteur de le deviner ! On passe ainsi du colonel écossais missionné pour surveiller les moindres faits et gestes de l’homme considéré comme le plus puissant de la terre, jusqu’à la jeune et irrésistible comtesse Miniaci qui contribuera à l’évasion du grand homme, en passant par le monarque du droit divin (Louis XVIII), le vieux diplomate (Talleyrand), et Murat, roi de Naples – pour ne citer que les plus importants. Or, ils sont beaucoup plus nombreux et le lecteur risque de ne pas s’y retrouver parmi tous ces personnages… Dans son but de chanter la gloire et la grandeur de Napoléon, l’auteur utilise une langue classique mais l’ensemble n’est pas assez fluide, ni palpitant. On retiendra pourtant deux passages inspirés sur l’opportunisme en politique… Niveau 1

 

RUFIN Jean-Christophe -D’OR ET DE JUNGLE- Calmann -Levy 440 p. 22,50 € (Renée Coudert) Ronald, aventurier de haut vol, franco-américain, qui sévit à travers une agence de renseignements privée, basée à Nice, convainc Gowan, magnat américain du numérique, qu’on n’a pas de véritable pouvoir si on ne possède pas un État, pour être indépendant des politiques. Il lui propose de lui en trouver un « clefs en mains ». Ce sera le Sultanat de Brunei, petit pays riche par le pétrole, entouré par la jungle, gouverné par un sultan musulman autocrate, corrompu, avec un mélange de populations, musulmans, malais, chinois… pas très harmonieux. Secondé par Flora, ex championne de plongée, courageuse et idéaliste, et avec une équipe de spécialistes des coups de force et d’informaticiens très habiles, pouvant dépenser sans compter, il met en place une opération de subversion énorme. Réussira-t-il ? Roman d’aventure, formidable documentation, mise en évidence des dangers du numérique, entre autres, passionnant surtout si on est intéressé par la géopolitique. Style accrocheur, parfois un peu lourd mais efficace.

 

RUFIN Jean-Christophe « D’or et de jungle » Calmann-Lévy, Février 2024, 400 pages, (Josette SALVI) Et si les GAFAM « s’offraient » un État ? C’est le point de départ de ce livre. Une agence secrète permet à un géant du numérique de prendre possession d’un Etat sans tirer un coup de feu, en utilisant les nouvelles techniques de désinformation. Brunéi est un tout petit pays aux mains d’un sultan qui dirige tout et traversé par des tensions entre les différentes communautés. L’équipe va tout mettre en œuvre pour déstabiliser le pouvoir en place et prendre les commandes. Tout ne se passera pas comme prévu et Jean-Christophe Rufin nous tient en haleine jusqu’au bout. C’est un roman intelligent et très déstabilisant. Aujourd’hui c’est encore de la science-fiction mais demain…. À lire. Niveau 1

 

SAISIO Pirkko « LE PLUS PETIT DENOMINATEUR COMMUN » Cl Charbonnel. Robert Lafont, (finlandais), Janvier 24, 305 pages, 21 euros. Trois voix pour une seule femme : La petite fille qui vit son enfance « JE » L’adulte qui assiste son père dans sa mort. Le récit romanesque qu’elle tire de ses souvenirs d’enfance « ELLE ». On se perd au milieu des multiples oncles et tantes et entre les 3 voix de l’auteur. Ne pas acheter.

 

SCHLESSER Thomas « Les Yeux de Mona » A. Michel, 2/2024, 484p, 22,90€ (Milène THONY) Mona, 10 ans, a eu une crise de cécité. Subitement, elle n’a plus rien vu et puis la lumière est revenue au bout de quelques heures. Le médecin n’y comprend rien, soupçonne un psycho traumatisme et demande l’avis d’un psychologue. Le grand père, qui possède des livres d’art s’amoncelant jusqu’au plafond, décide d’emmener Mona dans les musées à la place d’un rendez-vous chez un pédopsychiatre. Si par malheur Mona devenait un jour aveugle, elle jouirait d’un réservoir où puiser des splendeurs visuelles. Une fois par semaine il l’emmènera contempler une œuvre, une seule, très longtemps, pour comprendre comment les artistes nous parlent de la vie. Mona va découvrir 52 chefs-d’œuvre (et vous aussi, ils sont répertoriés au dos de la jaquette) au Louvre, Orsay, Beaubourg. Mona a un œil exceptionnel, voit tout dans les tableaux, même les choses cachées, les intentions du peintre !! Mona est quand même un peu trop jeune pour tenir de si savants propos avec son grand-père …Roman très instructif. Niveau 1   

 

SCHMITT Eric-Emmanuel « LA RIVALE », Albin Michel, 10/23,134 p 16,90€ (Gilles KRIKORIAN) Callas avait une rivale : Carlotta Berlumi. C’est ce qu’affirme cette soprano dont la route musicale fut d’abord menacée puis barrée par l’arrivée de la cantatrice grecque. C’est à force de stratégies et d’opportunités que la Callas se serait métamorphosée et hissée au rang de chanteuse lyrique internationale, évinçant ainsi Carlotta Berlumi. Carlotta est-elle bien une victime ou fabule- t -elle pour justifier son propre échec ? C’est avec un style amusant et bien documenté que l’auteur relate la vie fantasque de cette mystérieuse Carlotta dans le milieu élitiste de l’opéra. Niveau 1.

 

STEFÁNSSON Jón Kalman « Mon sous-marin jaune », trad. de l’islandais par Éric Boury, Christian Bourgois éditeur, 389 p., 22 € (Barbara MARTINEC) Ce roman psychédélique est rythmé par des motifs récurrents l’un plus loufoque que l’autre, et il mêle 2 temporalités. En août 2022, dans un charmant parc public londonien, l’auteur espère parler à Paul McCartney. Et puis, il plonge dans les années 1969-70 pour parler de lui-même, garçon, se retrouvant seul avec son père après le décès de la mère. Le petit garçon y parle aux défunts et à Jésus, cherche des réponses dans la Bible et croise les Beatles dans le car qui l’amène dans la région des fjords ; et puis, l’Éternel est toujours aux côtés du père sur la banquette arrière de sa Trabant ou dans son salon à boire la vodka avec Johnny Cash… Le texte déstructuré reflète bien l’esprit fantasque de l’auteur. On l’aura compris : solitaire, la littérature est devenue son refuge… Pour moi ce n’était pas plaisant à lire car, justement, trop désordonné. Il y a de jolis passages poétiques mais quand même y prévalent les autres, trop emberlificotés. Achat à éviter.

 

SUTER Martin « MELODY », éd Phébus, 01/24,357 p 23,00€ (Gilles KRIKORIAN) Tom, fraîchement diplômé en droit, accepte le poste de secrétaire particulier de Mr Stotz, un homme âgé, malade et fortuné. Sa mission est de mettre de l’ordre dans les papiers de ce vieil homme qui a joué un rôle important dans la vie économique, sociale et politique de son pays : la Suisse. Tom exercera ses fonctions dans la demeure de son patron. Il sera surtout le confident de l’histoire d’amour vécue ou fantasmée de Mr Stotz avec la mystérieuse Mélody. Fiction ou réalité ? C’est pour dissiper ce doute que Tom entreprend une enquête à la recherche de la vérité. Roman nostalgique, parsemé de nombreux rebondissements qui entretiennent un suspens tendu et précipitent l’histoire dans un dénouement inattendu. Niveau 1. À acheter.

 

WIDHOLM Katarina « La fille du Hälsingland -T1 » Ed. Harper Collins/au gré du monde, trad. du suédois par Carina Bruy, 1/2024, 568p, 20,90€ (Céline DOBBELS) Nous sommes en 1938 en Suède. Betty est une jeune fille de la campagne. Sa maman est veuve. Après le décès de son mari, elle a pris sa place dans la scierie où il travaillait, travail dur et épuisant. Elle a 2 petits frères. Sur les conseils d’une tante, Betty part à Stockholm pour y devenir domestique dans une famille. Dans le train qui l’amène vers sa nouvelle vie, elle rencontre un homme passionnant, cultivé. Ils se reverront mais l’Histoire, la grande Histoire, est là, en embuscade, avec l’explosion du nazisme, les preuves belliqueuses du régime allemand. Roman très agréable à lire, qui se dévore. J’attends la suite… Pour toutes bibliothèques.

 

DOCUMENTS

920 – GIESBERG, Franz-Olivier « TRAGEDIE FRANCAISE » – Ed Gallimard – 09/23 – 483 p. 22 € – Lecteur Annette FAVIER. L’auteur a voulu raconter, comme il l’a vécu, le temps d’une partie d’’histoire politique de cette 5ème République qu’il a pu observer. Il commence surtout par l’ère Mitterrand absolument passionnante et enchaîne jusqu’en 2014. Le livre est long et se lit par petites doses car chaque homme politique, qu’il a tous croisés, sont décrits avec justesse et… l’humour qui ne le quitte pas !

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