ROMANS

APPANAH Nathacha – « LA NUIT AU COEUR » – Ed GALLIMARD – 09/25 -282 p.
Le destin de trois femmes confrontées à la violence de leur compagnon. De ces 3 femmes, elle commence par la première, celle qui vient d’avoir 25 ans quand elle s’échappe et être la seule à rester ne vie. Cette femme c’est l’auteur qui a supporté la violence, les coups. La jalousie la poursuit, la mort rôde lorsqu’elle échappe à cet univers cruel et dégradant. Les deux autres n’auront pas cette chance. CHAHINEZ dont les réseaux sociaux ont abondamment parlé, sera brûlée vive par un mari qui lui faisait vivre un enfer devant 3 enfants. Et pourtant cette femme était exemplaire, pleine de gaieté, mais elle était tombée sur un homme tyrannique. Vous connaissez l’horrible suite …EMMA, au destin comparable, mourra sous les roues de son compagnon jaloux. La justice a -t-elle toujours pris au sérieux les multiples dépositions de ces malheureuses, ???Sélection GONCOURT, FEMINA, MEDICIS, RENAUDOT.

BARICCO Alessandro « Abel », trad. de l’italien par Lise Caillat, Gallimard, 4/25, 176 p.
Ce western atypique se déroule dans l’Ouest profond à une époque révolue. Abel Crow est shérif, un vrai as de la gâchette. On le voit communiquer avec son Maître, ses trois frères et sa soeur, ainsi que sa femme qui a un don de guérison car fut élevée par les indiens Dakota… L’auteur parle d’une sorcière qui peut lire le futur, et en même temps du temps qui n’est pas linéaire : « il n’y a pas un avant et un après dans les événements – qui sont une unique respiration difficile à interpréter » … Ce texte éclectique qui varie entre poétique et philosophique donne un ensemble ésotérique, difficile à saisir.

BEREST Anne – « FINISTERE » – Ed Albin Michel- 05/25 -415 p.
Après la publication de la CARTE POSTALE (intéressant ouvrage sur la recherche de sa famille juive) l’auteur apprend que son père est atteint d’une maladie grave. Elle qui était peu proche de cet homme énigmatique, scientifique, silencieux, entreprend cette fois-ci de remonter le fil de sa lignée bretonne. Bien sûr elle s’attache à retracer l’histoire d’amour de ses parents, les premiers combats des agriculteurs du Finistère, mais surtout à évoquer ses grands-parents, arrières grands parents. J’avoue qu’on s’y perd et que des destinées plus originales m’auraient plus intéressées.

BOUYSSE Franck « Entre toutes » Albin Michel Août 2025 282 p.
Marie, la grand-mère de Franck Bouysse est née en 1912 en Corrèze, elle meurt à 88 ans après une vie de labeur. C’est son histoire qu’il nous raconte, parfois à partir de ses souvenirs et parfois en romancier. Marie a connu la première guerre mondiale d’où son père revient traumatisé, la crise de 1929, la deuxième guerre et la traque des juifs et plus tard l’exode rural et la transformation du monde agricole. Elle a aussi connu l’amour et la malédiction, qui se perpétue de génération en génération, de mari disparu trop tôt. De cette vie simple il tire un roman tout en pudeur et très touchant. C’est un très bel hommage à sa grand-mère et à travers elles à toutes les femmes qui nous ont précédé.

BOYNE John – « LES ELEMENTS » – trad de l’anglais – Ed JC LATTES -08/25 – 507p.
Paru en Irlande sous forme de 4 nouvelles « EAU – TERRE-FEU- AIR », les ELEMENTS se regroupent en un seul volume au titre logique. C’est sur une île au large de DUBLIN que s’ouvre le récit. Une femme seule, une étrangère, s’installe dans un cottage sans confort. Elle change d’identité, de « look ». Qui est-elle se demande la population ? Son histoire est dramatique et lorsqu’elle quittera cette île, ce sera pour entraîner un malheureux gamin qui tombera sur un dangereux pervers – « TERRE « ouvre ce second chapitre qui sera suivi par l’histoire d’une médecin spécialiste des grands brûlés d’où le titre « FEU ». Et le dernier chapitre sera une retrouvaille familiale par l’avion qui emmène un petit-fils voir son petit-fils « AIR ». Inutile de vous dire que ce livre est dense, plein d’émotions, mais attention les personnages sont cruels, à l’homosexualité permanente (vu l’auteur) mais attachants. Ce livre se lit d’une traite d’abord, vu les personnages qui sont difficiles à suivre, y compris leurs rencontres !!!

BUCK Vera : « La cabane dans les arbres ». Gallmeister, août 20125. Traduit de l’allemand. 465 p
Henrik Nora et leur fils de cinq ans Fynn, quittent leur Allemagne
natale pour s’installer dans la résidence secondaire de Henrik en Suède, pays qu’ils idéalisent. Mais très vite un malaise s’installe : ils font différentes rencontres inquiétantes avec des hommes étranges, en leur absence la maison semble être habitée par un inconnu. Un jour Fynn disparaît tandis que Rosa jeune scientifique découvre dans les bois des ossements vieux de plusieurs décennies. Les deux affaires sont-elles liées, que se passe t- il dans ces bois ? Roman policier à l’extrême noirceur, à l’atmosphère oppressante, étrange. La lecture est dérangeante mais addictive avec des sujets graves : la maltraitance, la violence, la vengeance, les secrets enfouis au coeur de relations familiales dysfonctionnelles. La plume de l ’auteure est sensible, subtile, pleine d’empathie pour certains de ses personnages. Excellent roman policier qui se lit d’une traite !
BUSSI Michel « Les ombres du monde » Les presses de la cité. 566 pages. Lecteur Céline DOBBELS de FRANCET. Nous sommes loin des romans policiers auxquels cet auteur nous a habitués. Nous y retrouvons son écriture très agréable à lire. Il nous donne sa vision après étude fouillée (il est prof d’histoire) de ce génocide au Rwanda en 1994.Ses héros, Jorik, officier français, Espérance, son épouse rwandaise, Aline, leur fille, Maé, leur petite fille, sont très attachants. A travers eux, nous naviguons du 7 avril au 19 juillet 1994 à nos jours au milieu de ce dédale horrible et monstrueux. Un roman sublime, incontournable (que j’ai lu en 2 jours). Le roman de la grande vraie histoire.

CARO Fabrice – « LES DERNIERS JOURS DE L’APESENTEUR » Ed Gallimard- 09/25 – 210 p.
Autant que le précédent livre de l’auteur » FORT ALAMO » m’avait fait sourire » par un humour très spécial à lui, autant ce petit livre qui est une chronique drolatique d’une année de terminale à la fin des années 80, m’a laissé sans sourire !!!
CHALANDON Sorj « Le Livre de Kells » Grasset, 8/2025, 379p, 23€ (Milène THONY) Pour fuir les coups et la brutalité de son père, l’auteur décide de partir. Lorsque mes parents s’absentaient de Lyon, ils m’obligeaient à quitter les lieux et à attendre dans la rue qu’ils reviennent. Je les guettais assis sur le trottoir. Avec 50 francs donnés par sa mère, il va connaitre les horreurs des dangers de la rue, comme un clochard. Sans le sou pour se laver, pour manger. Son chemin croisera heureusement celui d’un étudiant maoïste en rébellion, en Mai 68, qui le sauvera de la déchéance et du désespoir, en l’hébergeant et en l’engageant à reprendre ses études pour passer son bac. Ce qu’il fera. Beau roman. Large public.

CHALANDON Sorj « Le livre de Kells » Grasset 379 pages Août 2025

Kells c’est Sorj Chalandon. Il a choisi ce nom car il a été fasciné par la beauté et la puissance des enluminures de ce chef d’oeuvre du catholicisme rédigé en l’an 800. A 17 ans il fuit la violence de son père L’Autre et se retrouve à la rue. Il connaitra la solitude, la violence et la drogue. Et puis un jour un homme va lui tendre la main, le recueillir. Il va alors intégrer un groupuscule maoïste. Aux débuts des années 70 des intellectuels rejoignent les usines pour déclencher des actions de sabotage, Kells va y trouver un moyen d’exprimer sa colère contre son père et ses idées fascistes. Puis viendra le doute. Cette violence sert-elle le peuple ? Finalement Kells abandonnera la lutte pour devenir journaliste à Libération. Sorj Chalandon livre un témoignage poignant de la rue et rend hommage à ces hommes qui l’ont adopté et lui ont permis de devenir l’homme qu’il est aujourd’hui.

CLERMONT-TONNERRE Adélaïde de « Je voulais vivre », Grasset, 8/25, 468 p.
En développant le personnage de Milady des Trois mousquetaires d’Alexandre Dumas, l’auteure a créé un personnage passionnant. Elle décrit une femme dans un monde d’hommes et, surtout, elle donne la parole à une femme qui était insoumise même si sa vie fut marquée par solitude, brutalité et errance. Vue de l’extérieur, c’est une femme « belle à se damner » qui mène une vie de vengeance car les hommes l’ont « trompée, humiliée et bafouée ». Ici on découvre sa vie intérieure et ses vraies motivations. Ainsi se démêle le vrai du faux : en quoi consistaient ses intrigues auprès des cours royales d’Angleterre et de France ? comment s’expliquent ses multiples identités ? etc. Une réussite. Sélection RENAUDOT

CONNELLY Michael « Sous les eaux d’Avalon ». Calmann-Lévy, juin 2025. Traduit de l’anglais (États-Unis). 400 p.

Stilwell, ancien policier de Los Angeles, a été muté sur l’île de Santa Catalina, après une bagarre avec un collègue. Sa misanthropie tranquille s’épanouit sur cette île pour touristes situées en face de La Cité des Anges. Un jour pourtant on repêche le corps d ’une jeune femme lestée par une ancre dans les eaux du Pacifique. Stilwell va mener une enquête semée d’embûches entre un maire soucieux de préserver l’image de sa ville et la police de L.A, jalouse de ses prérogatives. Après Harry Bosch, Renée Ballard, Connelly crée un nouveau personnage : Stilwell aussi têtu et indépendant d ’esprit que ses prédécesseurs mais moins sombre, moins torturé. L’enquête bien menée dévoile les secrets peu reluisants de la bonne société de cette île : violence, chantage, corruption politique. Bon roman mais sans surprise.

COPPO Davide « Du mauvais côté ». Calmann-Lévy, avril 2025 ; 279 p.

Début des années 2000, Ettore, adolescent de 14 ans issu des classes moyennes de Milan, intègre le grand lycée de la ville où il va côtoyer la bourgeoisie locale. Il y fait la rencontre de Giulio, militant néo fasciste qui va l’entraîner dans une aventure politique dangereuse mêlant manifestation, négationnisme, rixe avec les gauchistes, affrontements avec la police. Peu à peu, Ettore bascule
dans la violence. Bon roman qui tient à la fois du roman d ’apprentissage à travers l’évolution psychologique d’un jeune homme en perdition, de la chronique sociale avec une bonne description de l’Italie du début du 21e siècle et du roman politique décrivant les égarements coupables, violents d’un adolescent qui cherche à s’affirmer en intégrant un groupe. Ce roman réaliste, touchant, s’inspire du propre parcours de son auteur Davide Coppo.

DE RECONDO Léonor « Marcher dans tes pas » L’Iconoclaste, 8/2025, 242p
En 1936, Enriqueta, la grand-mère paternelle de l’autrice, sous la menace d’être fusillée par les Franquistes, devra quitter précipitamment sa maison d’Irun avec ses enfants pour aller en France, de l’autre côté du pont sur la Bidassoa. Sans jamais y revenir. Pas de valise. De l’argent et ses bijoux. Son mari est à Madrid. 40 ans plus tard, sa petite-fille naîtra française. Adulte, elle réclamera la double nationalité « Nous sommes deux femmes liées par la parenté, tu incarnes une histoire qui m’échappe et que je tente de capturer » Attachant roman.

DI MATTEO Mathilda « La Bonne Mère » L’Iconoclaste 354 p.
Véro c’est la marseillaise typique, vraie cagole au grand coeur. Sa fille Clara, est tout son contraire, intellectuelle, elle a fait de grandes études et s’est établie à Paris. Quand Clara revient à Marseille au bras de Raphaël, Vero sent tout de suite que ce « girafon » va faire du mal à son fils et tous les moyens seront bons pour l’en éloigner. Parfois caricatural (le match Paris-Marseille.) souvent drôle « La Bonne Mère » est surtout le roman de l’amour entre une mère et sa fille. Réjouissant!

GOBY Valentine « Le Palmier » A. Sud, 8/2025, 211p
Vive, comme l’eau vive, lui a dit sa mère. Vive est une petite fille savante qui tient la liste des mots compliqués des plantes rares et d’essences exotiques que son père sourceur-parfumeur lui ramène de ses voyages. Vive a plus de 60 essences conservées dans de minuscules estagnons en fer, santal, bergamote, mandarine, cannelle, ambre, vanille. Elle a 42 essences d’arbres. Et elle adore son jardin, un endroit merveilleux mais restera épouvantée par le tronçonnage du grand palmier malade. Et par une image obsédante de son enfance. Vive est heureuse, entourée de ses parents, ses frères, son chien, ses cahiers. Le roman est un enchantement.

HORST Jorn Lier – ENGER Thomas– « FAUX SEMBLANT » ED GALLIMARD
A Oslo, une bombe explose dans une poubelle le soir du nouvel an, faisant plusieurs victimes. Un policier et une personnalité mènent une enquête complexe qui va les mener au Danemark. La multitude des personnages aux noms étranges et la complexité de l’enquête rend le roman difficile à lire.

LEVY Justine « Une drôle de peine » Stock, 8/2025, 190p
L’auteur est la fille d’Isabel Doutreluigne et de B. H. Levy.
Et la belle-fille de Noëlle Chatelet. Isabelle était très belle, mannequin, accro à l’héroïne (Justine est née à 7 mois, prématurée, sans ongles ni cheveux) morte d’un cancer à 50 ans et Justine écrit : Je ne veux penser qu’à Maman, à ce que je ne sais pas de Maman, à ce qui l’empêchera de mourir tout à fait et qui m’empêche moi de vivre. Justine a été abandonnée à 3 ans. Sa mère a déposé le couffin avec l’enfant devant la porte de B.H.L. Isabel faisait bêtise sur bêtise, avait vendu son appartement pour pouvoir partir au ski. Mal-être et magnifique déclaration d’amour à sa mère. Sélection RENAUDOT.

MIZUBAYASHI Akira « La forêt de flammes et d’ombres » GALLIMARD, juin 2025, 274 pages, Roman
L’histoire débute au Japon en 1944, par la rencontre de trois jeunes gens : REN et YUKI, sont étudiants aux Beaux- Arts, BIN étudie le violon. Tous trois se lient d’une profonde amitié, bien que REN et BIN soient amoureux de YUKI. REN revient du front brulé et mutilé, mais YUKI l’a attendu et par son amour elle lui donnera le courage et la force de se reconstruire et de peindre à nouveau. Elle fonde une famille avec lui et à la mort prématurée de REN, YUKI et BIN se retrouvent en France et en Suisse pour vivre une nouvelle vie. Entre Japon ancestral et Europe, Dans un style délicat, et passionné, l’auteur nous parle d’amour, d’amitié, mais aussi de l’art, ici la peinture et la musique, en tant que pouvoirs de rédemption, et force de transmission.

NOHANT Gaëlle « L’homme sous l’orage » L’Iconoclaste Août 2025 348 p.

1917, au domaine viticole de l’Esparre, il ne reste qu’Isaure et sa fille. Les hommes sont sur le front. Un soir d’orage, Théodore peintre plein de talent, ancien habitué du château et maintenant déserteur, demande à la propriétaire de l’héberger. Elle le jette dehors. Rosalie, sa fille, prise de compassion le fait entrer et l’installe dans le grenier. Rosalie est déchirée, sa raison la pousse à dénoncer cet homme qui a fui la guerre alors que son père et son frère risquent leur vie à chaque instant mais elle va apprendre à le connaître et à l’aimer. La Grande Guerre est omniprésente dans ce roman, avec le personnage du déserteur et les blessés que va rencontrer Rosalie à l’hôpital. Gaëlle Nohant montre aussi combien les femmes vont prendre la place des hommes et acquérir une véritable liberté. « L’homme sous l’orage » est un livre tout en délicatesse avec des personnages attachants.

NOTHOMB Amélie – « TANT MIEUX » -ED ALBIN MICHEL -09/25 – 213 p.

Après son père dans « PREMIER SANG » et « PSYCHOPOMPE », l’auteur évoque sa mère et le lien singulier qui les unissait (si différent de celui de son père). Placée un été à l’âge de 4 ans, chez une grand’mère marâtre, le récit commence mal… Mais c’est un hommage émouvant à cette mère qu’elle perd et qu’elle a eu si mal à cerner C’est surtout son autre grand’mère et sa petite soeur vers lesquelles elle placera sa tendresse. Ce sont là les pages les plus émouvantes. En fait « Maman était double » lorsqu’elle l’évoque. Un livre émouvant à part lorsqu’elle évoque la première grand’mère …tueuse de chats. Style net, intrigue au début un peu extravagant. La devise « TANT MIEUX » La version joyeuse du sang froid.

ORBAN, Christine : « Mademoiselle Spencer ». Albin Michel, mars 2025. 256 p.


L’honorable Lady Diana, 3ème fille du Comte Spencer, Princesse de Galles, nous livre son intimité : l ’abandon par sa mère en 1969, son enfance solitaire dans le château familial, son amour pour le Prince Charles, son mariage et sa longue suite de désillusions : l’indifférence de son mari, la présence envahissante de Camilla, sa jalousie maladive, sa boulimie. Ce roman qui prend la forme d’une longue confession nous montre une princesse Diana très proche qui s’adresse à nous comme à une amie ; on comprend ce qu’elle a enduré, on ressent ses émotions, son sentiment d’abandon, son manque d’estime de soi. On prend conscience de son destin de femme sacrifiée : elle a été choisie car aristocrate, vierge et anglicane ; tout au long du roman Christine Orban la compare à Mademoiselle Élse, l’héroïne du nouvel éponyme d’A. Schnitzler de 1924. Cela donne une dimension romanesque au destin de Mademoiselle Spencer qui va s’émanciper de la famille royale pour
reprendre sa liberté. Bon roman, subtil et touchant, à la plume fluide. Beau portrait de femme au plus près de l ’intime.

POUCHET Victor « Voyage voyage » Editions l ‘ arbalète, Gallimard, 8/2025, 191 p.
Marie attend enfin un enfant, après de nombreuses tentatives. Orso lui a dit Viens on s’en va et ils sont partis à l’aventure dans une vieille Renault Nevada en laissant leur appartement en désordre. Dans le but de visiter le plus grand nombre de musées ! Quitter le chemin de la routine pour prendre la voie de la passion et de la fantaisie.
Tendre et malicieux petit livre écrit par un poète.Sélection FEMINA.

PRINCE Nathalie « Un enterrement et quatre saisons », Ed Flammarion 02/21, 265 p.
Nathalie et Christophe ont 17 ans lorsqu’ils se rencontrent en prépa lettres, la fameuse hypokhâgne, qui ouvre les portes des grandes écoles. Leur histoire d’amour va durer 30 ans et prendra fin par le décès de Christophe atteint d’une pathologie cancéreuse. C’est au fil des 4 saisons (hiver, printemps, été et automne) que Nathalie entame ce long travail de deuil, à sa manière. Avec un ton à la fois humoristique et poétique saupoudré sans excès de références littéraires, Nathalie Prince colore son récit avec beaucoup d’authenticité. Sincère et émouvant.

ROYER Corinne « Ceux du lac », Seuil, 8/24, 288 p.


Un delta marécageux à 6 km de Bucarest, un père, ses 6 enfants et leur cabane au milieu du delta donnent le cadre à ce récit. Une menace pèse sur la vie en pleine nature de cette famille car on projette d’y ouvrir une réserve naturelle… Dans la fratrie, Naya, la plus petite, rêve de voir des bisons un jour et l’aîné lui promet qu’ils iront les voir, qu’il les lui montrera. Le récit inclut des vers libres composés par celui-ci pour évoquer le voyage en train qu’ils feront dans ce but. L’auteure a réussi à créer une histoire qui illustre à perfection les idées sur le respect qu’on doit à la nature, et sur la symbiose possible entre l’homme et la nature. Lecture très appréciée d’une auteure qui a un style bien à elle. Une langue mesurée, en même temps poétique et avec quelques éléments magiques, surnaturels.

TALLÓN Juan « Chef-d’oeuvre », trad. de l’espagnol par Anne Plantagenet, Le bruit du monde, 4/23, 320 p.
Un scoop pour point de départ : en 2006, on constate qu’une oeuvre de Richard Serra a disparu – une sculpture en acier pesant 38 tonnes est introuvable ! L’auteur met bout à bout différents témoignages de différents acteurs de toutes les époques : cela va de la directrice du musée concerné (Reina Sofía de Madrid) jusqu’aux policiers à la brigade du patrimoine, en passant par le ministre de la culture, galeristes, marchands et critiques d’art, architectes, ingénieurs industriels, ouvriers en aciéries
(monteurs de structures), transporteurs et installateurs d’expos, ainsi que les gitans ferrailleurs… Certains passages sont intéressants, invitent à réfléchir, mais le tout ne tient pas bien ensemble, je trouve. Très inégal, ça part dans tous les sens. La seule chose qui en ressort : le monde de culture espagnol était géré par une bande d’incompétents désinvoltes. Dommage, l’auteur n’a pas su être à la hauteur de son sujet surréaliste.

TODD Ruby : « Objets célestes » Gallmeister, avril 2025.Traduit de l ’anglais (Australie). 432p.


La petite ville de Jericho, en Australie, est en effervescence, la comète St John va traverser le pays durant plusieurs semaines, ce qu’elle n’a pas fait depuis 4000 ans. Mais tout le monde ne connaît pas la joie de vivre : Sylvia, veuve depuis 2 ans, ne supportant plus la mort de son mari tué dans un accident de voiture causé par un chauffard inconnu qui a pris la fuite, a décidé de se suicider le jour de l’apparition de l’astre solaire. Mais cette dernière va faire la rencontre de deux hommes qui vont changer sa vie à tout jamais. Roman qui touche à plusieurs genres : le roman d’amour, la chronique intime, le policier et le récit mystique. L’intrigue se déploie lentement dans une atmosphère étrange et mystérieuse qui insuffle au récit une tension croissante : qui est le chauffard qui a tué le mari de Sylvia, que se passe-t-il vraiment dans cette ferme où ont lieu des séances de méditation ? Sylvia qui a connu une expérience de mort imminente lors de l’accident est partagée entre science et foi, rationalité et surnaturel. Magnifique roman sur le pardon, la volonté de vivre, les mystères de l ’univers, l’amour de la vie plus fort que l’instinct de la mort Gros coup de coeur !

VIDAL Sébastien « Une saison de colère ». Édition le mot et le reste. 275 p.
Sébastien Vidal, ancien gendarme, vit en Corrèze. Il a écrit plusieurs romans, reçu le prix Landerneau et le prix du roman noir de Cognac, entre autres. Une saison, le printemps ; la colère, celle des ouvriers de l’usine de Lamonédat, commune de 5000 habitants de Corrèze et celle des protecteurs de la nature qui envahissent les arbres de la ville pour les protéger de la convoitise et de la prévarication du maire et surtout de celle de son 1er adjoint et maîtresse. Et au milieu de tout cela, des personnages en relation avec colère, violence et résilience. Roman très bien écrit, très poétique. Mais, me semble-t-il, un peu caricatural : les gentils zadistes, les hommes et femmes politiques ou de pouvoir pas honnêtes voire pourris.