BARBERY Muriel « Thomas Helder », Actes Sud, 8/2024, 185 p., 19,50 € (Milène THONY) Au-dessus du hameau de Chateauvieux, dans les landes de l’Aubrac, se trouve la propriété de Paule Helder, veuve de Thomas Helder qui vient de mourir. À l’occasion des obsèques, Margaux Chanet retrouve la famille hollandaise Helder, leurs voisins sur les canaux d’Amsterdam. Thomas aurait écrit une lettre à Margaux avant de mourir. Les retrouvailles seront l’occasion de se raconter. Huis clos dans une maison isolée et enneigée où les familles Helder et Chanet ont partagé de nombreux étés. Confidences, retour sur le passé. Secrets dévoilés. L’auteur est fasciné par James Joyce qui captait le moment où une personne est transformée par une révélation.

BARDON Catherine « Almah, une jeunesse viennoise », Éditions Les Escales, 10/24, 180 p., 19,90 € (Céline DOBBELS)Sous-titre de l’éditeur : l’origine de la saga « Les Déracinés ».Cette saga familiale : « Les Déracinés », « L’Américaine », « Et la vie reprit son cours », « Un invincible été » et – pour clore – « Almah », est un immense bonheur de lecture. L’histoire de ce couple juif obligé de quitter l’Autriche à la veille de la 2nde guerre mondiale pour s’installer en République Dominicaine est captivante, intéressante : tout est traité, la Grande Histoire rencontre la petite histoire. Je le redis : que du bonheur.

BEIGBEDER Frédéric « Un homme seul », Grasset, 1/25, 224 p., 20 € (Magali ROIG) À la mort de Jean-Michel Beigbeder en 2023, son fils Frédéric va enquêter sur la vie de cet homme qui reste un mystère. Né dans une famille bourgeoise franco-américaine au cœur du Béarn, éduqué à la dure dans différents internats catholiques, étudiant en Lettres puis travaillant pour le plus important cabinet de recrutement américain, cet homme aux multiples facettes, bouddhiste, hédoniste, capitaliste, érudit, devenu le « premier chasse de tête » en France, jet-setteur amateur de femmes, va finir sa vie ruiné,seul, malade d’un cancer qui va l’emporter. A-t-il été violé enfant dans ses écoles tenues par des prêtres, a-t-il été un espion pour la CIA,a-t-il été heureux, a-t-il aimé ses enfants,s’interroge son fils sans apporter de réponse définitive. C’est toute une époque qu’évoque Beigbeider : les sixties, l’influence anglo-saxonne, le mode de vie à la James Bond, la guerre froide, la puissance du capitalisme, un autre monde dont son père a beaucoup profité. Bon roman émouvant sur une époque révolue, un homme secret, parti avec ses mystères.

BIGOT Christophe « Un autre m’attend ailleurs », Éditions de La Martinière, 8/24, 320 p., 20 € (Barbara MARTINEC) Roman qui raconte l’intimité de Marguerite Yourcenar avec Jerry Wilson : séparés par un écart de 45 ans, ils partagent pourtant « une vie de couple d’un nouveau genre ». Tous les deux passionnés par les voyages et les paysages, ils sillonnent tous les pays du monde. L’histoire s’emballe avec l’irruption d’un jeune homme dans la vie de Jerry qui apporte avec lui la drogue et la déchéance… L’auteur maîtrise la psychologie de ses personnages, sa jolie écriture dresse le portrait de l’écrivaine, décrit son rapport au passé et à la vieillesse, ses obsessions littéraires.

DAVIS Fiona « Les livres disparus de la cinquième avenue », trad. de l’anglais (É.-U.) par Typhaine Ducellier, Éditions Faubourg Marigny, 4/24, 464 p., 22 € (Barbara MARTINEC) Ce roman met en scène La Bibliothèque publique de New York dans un agréable va-et-vient entre 1913 et 1993. On la voit d’abord comme lieu de vie pour le surintendant et sa famille : à côté de leurs deux enfants (7 et 11 ans), Laura, l’épouse, tente de s’émanciper de son mari en faisant des études de journalisme tout en fréquentant des cercles féministes. Et ensuite, comme lieu de travail de Sadie, passionnée bibliothécaire fraîchement divorcée. Dans les deux époques, des livres y disparaissent, ce qui déclenche une suite de péripéties. Très agréable lecture. Parfait pour nos bibliothèques. Niveau 1. À acheter.

ELLROY James « Les Enchanteurs », trad. de l’anglais (É.-U.) par Sophie Aslanides et Séverine Weiss, Editions Rivages/Payot,9/24, 672p., 26 € (Magali ROIG) La nuit du 4 août 1962,tandis que Marilyn Monroe meurt d’une overdose de barbituriques dans sa villa de Los Angeles, l’actrice de série B,Gwen Perloff, est enlevée dans d’étranges circonstances et libérée dans la violence par la police de L.A , alors même que Le Satyre s’introduit chez de séduisantes divorcées de la Cité des Anges. Le LAPD est en effervescence. C’est Freddy Otash,ancien reporter au tabloïd Confidential,qui connaît tous les sales coins de L.A.,ses scandales, sa violence, qui va mener l’enquête à la fois pour le compte de Jimmy Hoffa,syndicaliste qui déteste les Kennedy, la police de Los Angeles et Robert Kennedy lui-même ! Roman à la narration très complexe avec une multitude d’intrigues, un rythme vertigineux, une langue lapidaire, sèche qui nous plonge dans les obsessions notoires de l’auteur: Los Angeles et sa violence, ses crimes mystérieux, Hollywood et sa mythologie, les flics ripoux,les politiciens véreux. Mais ce roman – certes bon – n’apporte rien à la gloire de l’auteur; une impression de déjà-vu, de fouillis, une déception finale de « tout ça pour ça ».Pour les vrais fans de Ellroy !

FAGGIANI Franco« L’inventaire des nuages », trad. de l’italien par Romane Lafore, Éd. Paulsen, 3/24, 303 p., 22 € (Christiane DUMONT) Orphelin de père, Giacomo est élevé par sa mère et surtout par son grand-père dans les magnifiques montagnes du Piémont. Un grand-père entrepreneur, impressionnant et redouté de tous. En 1915, quand l’Italie entre en guerre, le jeune Giacomo est refusé à cause d’une infirmité. Son grand-père va alors l’emmener avec lui et lui apprendre le métier de « cavie » qui consiste à collecter les cheveux pour confectionner les perruques. Ce n’est pas seulement la chevelure des femmes que Giacomo va recueillir, mais aussi leurs histoires et celle d’un monde en disparition. L’auteur nous dévoile un métier et un monde oubliés.On voyage dans le Piémont au début du siècle dernier. On découvre toute l’organisation d’une vie sociale, du commerce, des transports allant du Piémont jusqu’à Lyon et au travers de la Provence jusqu’à Nice et Menton.Une très belle écriture, un récit poétique et coloré qui fait deviner la passion de l’auteur pour la montagne et comment cette nature, grandiose, a un pouvoir certain de consolation sur les terribles épreuves des humains.

HUMM Philibert « Roman de gare » (avec dessins de l’auteur), Éditions des Équateurs, 8/24, 224 p., 22 € (Barbara MARTINEC)Inspiré par les légendaires hobos américains et pour relever le défi d’une nouvelle aventure, l’auteur prend le nom de Callaghan et son meilleur ami comme compagnon de route, destination : l’inconnu ! Au hasard, ils montent clandestinement dans des trains de marchandises qui les emmèneront de Val-de-Marne jusqu’au Gard… L’auteur a le sens de la formule et excelle dans l’art de la chute, sa phrase est bien rythmée. Gentille comédie.

IRVING John « Les fantômes de l’hôtel Jerome », trad. de l’anglais (É.-U.) par Elisabeth Peellaert, Seuil, 11/24, 981 p., 29 € (Josette SALVI) 1941. À Aspen, Rachel Brewster, jeune prodige de ski, n’est pas sélectionnée pour la compétition mais elle tombe enceinte. Ainsi naîtra « son seul et unique » Adam dont nous allons suivre la vie sur 70 ans. Adam est d’abord élevé par sa grand-mère Nana dans le New Hampshire car sa mère est souvent absente car elle est monitrice de ski. Elle partage sa vie entre Molly, la dameuse, et son mari Elliot Barlow. Adam grandit dans cette famille très atypique mais pleine d’amour. Quand son beau-père change de sexe, il est confronté à la méchanceté et à la violence. Adolescent, il commence à écrire des romans et essaie de retrouver son géniteur à Aspen à l’Hôtel Jerome. Mais d’abord il devra faire la paix avec les fantômes qui ont peuplé son enfance. Lecture au long cours (parfois trop) avec des personnages attachants. On retrouve les thèmes chers à l’auteur, transgressions, sexe, liberté mais surtout l’amour sous toutes ses formes.

JAENADA Philippe « La désinvolture est une bien belle chose »,Éditions Mialet-Barrault, 8/24, 477 p., 22 € (Claude CHARBONNEL)Pourquoi à pas même vingt ans Jacqueline Harispe dite Kaki s’est-elle défenestrée à l’aube d’un matin de novembre 1953 ? Cette question obsède l’auteur, occasion pour lui de faire revivre la jeunesse perdue chère à Modiano. Passionnant si on s’autorise à sauter les passages ennuyeux comme l’auteur lui-même nous le conseille !

LEVY Marc « La librairie des livres interdits », Robert Laffont et Versilio, 11/24, 343 p., 21,90 € (Barbara MARTINEC) Dans un monde autoritaire, on peut finir en prison pour vente de livres interdits par la loi. C’est ce qui arrive à Mitch, libraire. À la sortie de prison, il ne pense qu’à la vengeance, il cible le procureur. Avant qu’il ne passe à l’acte, celui-ci est déjà mort. Pour prouver son innocence, Mitch doit trouver le vrai coupable. Il sera aidé par Anna. Accessoirement, entre eux se tissera une histoire d’amour…Roman conseillé à tous les récalcitrants à la lecture : de jolis passages sur le rôle et le pouvoir des livres sont là pour les convertir, les aider à (re)prendre goût à la lecture. Il y a aussi un certain suspens qui invite à tourner les pages.

MAYNARD Joyce « L’hôtel des Oiseaux », trad. de l’anglais (É.-U.) par Florence Lévy-Paoloni, Éd. Philippe Rey, 8/23, 517 p., 25 € (Annette FAVIER)Une jeune fille dont la mère a péri dans un sous-sol de New York sous une bombe artisanale, doit fuir à l’âge de 6 ans avec sa grand-mère. Un départ précipité, un changement d’identité laissent une petite fille marquée par ce drame. Adulte, elle va vivre une autre tragédie et trouver refuge bien loin en Amérique Centrale. Un roman facile à mettre entre toutes les mains.

NIMIER Marie « Le côté obscur de la reine », Mercure de France, 1/25, 253 p., 22,50 € (Claude CHARBONNEL) Quelle famille ! La grand-mère jeune et belle sculptrice adorée par Paul Valéry, le père, brillant écrivain mais mari et père détestable, la petite Marie muette d’amour devant une mère qui deviendra une vieille détestable.

PÉREZ-REVERTE Arturo « L’Italien »(avec des cartes de Gibraltar et de la baie d’Algesiras), trad. de l’espagnol par Robert Amutio, Gallimard, 8/24, 448 p., 24 € (Christiane DUMONT) Pendant la seconde guerre mondiale, Elena Abués, libraire d’Agesiras, jeune veuve, voit son destin chamboulé par le hasard. Lors d’une balade sur la plage, elle découvre le corps d’un homme blessé, ramené par la mer. En lui sauvant la vie, elle se retrouve impliquée dans des opérations militaires qui se jouent sous ses yeux car cet homme, Teseo Lombardo, fait partie d’un groupe de plongeurs de combat italiens, venus poser des torpilles sous les bateaux ennemis. C’est le récit très bien documenté d’une enquête menée par un journaliste d’investigation espagnol qui reconstitue, au gré des témoignages des survivants, cet épisode oublié de l’affrontement entre les hommes de la Royal Navy et les commandos italiens en Méditerranée. Un roman d’amour, de mer et de guerre.Expression brillante des sentiments et questionnements des personnages, en particuliers d’Elena.

Écriture puissante, sobre et fluide. Un roman palpitant.

RÄMÖ Satu « Hildur », trad. du finnois parAleksi Moine, Seuil, 10/24, 448 p., 22 € (Magali ROIG) Hildur est inspectrice de police dans une petite ville des fjords de l’ouest de l’Islande ; quand elle était adolescente, ses deux jeunes sœurs ont disparu lors d’une tempête à l’entrée d’un sinistre tunnel en construction. Suite à une avalanche, le corps d’un homme soupçonné d’être un pédophile est retrouvé égorgé, puis c’est au tour d’un célèbre avocat de Reykjavik d’être assassiné. Hildur et l’inspecteur stagiaire Jakob, tricoteur à ses heures perdues (!), vont mener une enquête qui va révéler son lot de surprises dans une région apparemment étrangère à la violence. Roman policier au rythme lent, à l’ambiance lourde ; le froid, la neige, la montagne, la brume constituent les principaux éléments de ce décor silencieux, mystérieux. Les personnages sont hantés par un passé lourd de secrets, de douleurs à porter. L’intrigue offre de multiples découvertes et rebondissements. Ce premier opus, d’une trilogie qui a connu un grand succès en Scandinavie, est à lire.

RENARD Alice « La Colère et l’Envie », Héloïse d’Ormesson, 8/23, 158 p., 18 € (Josette SALVI) Isor n’est pas une enfant comme les autres. Physiquement elle se développe normalement mais elle ne parle pas, a parfois des accès de violence. Ses parents sont perdus, le père pense qu’elle est idiote ou qu’elle se moque d’eux, la mère pressent que sa fille comprend mais refuse le contact. Après de nombreux examens médicaux le verdict tombe : « Isor pourrait parler mais elle ne veut pas ». Alors ses parents vont mettre en place une existence en huis clos, sans sortie ni contact avec l’extérieur. Jusqu’au jour où ils sont obligés de laisser Isor chez leur voisin Lucien qui vit seul. Et là c’est la Rencontre entre cet homme triste qui n’attendait plus que la mort et cette petite fille qui va s’épanouir. Ils vont s’apprivoiser, vivre des moments de jeux, d’inventions et de joie.Alice Renard, l’autrice, est aussi une enfant précoce. Elle sait trouver les mots pleins de poésie pour nous surprendre et nous émouvoir.

SAPIN-DEFOUR Cédric « Son odeur après la pluie », Stock, 3/23 (Poche 8/24), 285 p., 20,90 € (Gilles KRIKORIAN) Une rencontre entre un homme et un animal. Qui choisit qui ? Qui adopte qui ? Une histoire d’amour inconditionnel entre ces deux êtres. L’auteur laisse transparaître une palette d’émotions qui jalonne cette histoire émouvante avant, pendant, et après la merveilleuse rencontre avec le chien. Écriture dense et très riche qui rend certains passages poignants.

STAMM Peter « Les Archives des sentiments»,trad. de l’allemand (Suisse) par Pierre Deshusses, Christian Bourgois éd., 3/2023, 192 p., 20 € (Milène THONY) Un documentaliste, obsédé par l’archivage d’articles de presse, perd son job au journal. Il va passer sa vie dans le classement de dossiers en tout genre, qu’il va acheter et soigneusement classer par genre, entassés dans sa cave. L’un de ses dossiers est uniquement consacré à un amour de jeunesse, Franziska, ex-chanteuse de variétés à succès, dont il suit la carrière avec intérêt. Il voudra la revoir après 40 ans. Histoire d’amour singulière qui ne se conclura jamais vraiment.

WILHELMY Audrée « Peau-de-Sang », Le Tripode, 8/2024, 233 p., 20 € (Milène THONY) Au Québec, sur la route de migration des oies, une petite ville au nom indien de Kangoq vit de sa manufacture de duvet. Dans sa plumerie, une femme déplume des grandes oies des neiges, initie les jeunes filles aux élans de leurs corps, accueille et réconforte les hommes.Langue incantatoire, sans points ni majuscules. Œuvre surprenante et singulière.

EXOFICTION

HOWEY Hugh « Phare 23 », trad. de l’américain par Estelle Roudet, Actes Sud, 9/2016, 232 p., 19,80€ (Milène THONY) Gardien de phare – au XXIIIe siècle, on pratique toujours ce métier, mais dans l’espace. Un réseau de phares guide à travers la voie lactée des vaisseaux qui voyagent à plusieurs fois la vitesse de la lumière. Soldier, un ancien pilote, est affecté dans une balise de surveillance. Il sera victime d’un piratage, confronté à des chasseurs de primes, retrouvera son amoureuse. Humour et effroi. Stressant et drôle. Une réussite. Merveilleusement traduit. Par l’auteur de la trilogie Silo, best-seller dont les droits ont été achetés par Ridley Scott. L’auteur va entamer un tour du monde en catamaran.

RÉCITS

COSSE Laurence « Briller», Gallimard, 1/25, 344 p., 22 € (Claude CHARBONNEL) Deux siècles de la joaillerie Chaumet. Un livre terne sur un sujet brillant ; long et ennuyeux.

DÉTREZ Christine « Pour te ressembler », Denoël, 8/2021, 219 p., 17 € (Milène THONY) L’auteur a perdu sa mère en Tunisie, dans un accident de voiture, percutée par un train, éjectée. Sa mère avait 26 ans. Aucun portrait. « J’avais 2 ans 1/2, pourquoi n’ai-je pas posé de questions plus tôt à mon oncle qui adorait sa petite sœur ». «Tu aurais dû demander avant, quand les gens qui l’avait bien connue étaient encore vivants ». « Pourquoi n’avais-je pas posé de questions ? Parce que j’avais une seconde maman, Danielle. Mon père s’était remarié ». L’auteur finira par retrouver la trace de sa mère grâce à des archives départementales. Et découvrira une femme libre et passionnée. Très beau livre.

LAPIERRE Dominique – COLLINS Larry « Ô Jérusalem », Éd. Pocket, 1/2006, 956 p., 11,70 € (Annette FAVIER) Toujours d’actualité, le récit historique de la création d’Israël en mai 1948. Les Anglais quittent alors la Palestine. Le conflit israélo-arabe commence et ne s’éteindra plus. La Ville Sainte est à feu et à sang. Un récit historique débordant d’aventures, de drames, d’héroïsme. Un livre clé sur plus de 950 pages…

LECŒUR Lionel « Ferenczi et moi », Le Dilettante, 10/2021, 187 p. + photo, 17€ (Milène THONY) Le fondateur de la dynastie Ferenczi, né en 1855 à Baja, dans ce monde englouti que fut l’Autriche-Hongrie, est obligé de s’expatrier à Paris pour cause d’antisémitisme. Il sera commis de librairie, se lancera dans la publication de revues coquines, puis populaires et finalement inventera le Livre de Poche qui fera sa renommée. Il éditera Colette, Radiguet, Malraux, Céline, Simenon. Il ferraillera avec les monstres sacrés, Fayard, Bernard Grasset qui avait la même coiffure et la moustache d’Hitler. On l’appelait le Führer de l’édition. Si les Éditions Ferenczi n’existent plus aujourd’hui, c’est dû aux circonstances historiques et rien d’autre, le fait de la spoliation sous l’occupation et l’exil. Une saga romanesque et émouvante, tirée de l’arbre généalogique de la femme alsacienne de l’auteur. Premier roman.

RÉCIT AUTOBIOGRAPHIQUE

VALCKE STRAUSS Monique « Cours Mirabeau », Actes Sud,10/24, 128 p., 16,80 € (Christiane DUMONT) Pris dans la tourmente de la terrible année 1942, deux jeunes enfants nés dans une famille allemande exilée en France, séparés de leurs parents, tentent de s’échapper à la barbarie nazie. L’auteure raconte cette fuite. Elle, qui a six ans, et son frère Michel, de deux ans son aîné, se retrouvent en Suisse grâce à un réseau protestant. Elle décrit leur vie là-bas. Puis leur retour en France. C’est un récit d’après sa mémoire, un travail personnel qui devient un document exceptionnel et bouleversant. Un grand intérêt historique car c’est la guerre vue à hauteur d’enfants. Des documents de la famille y sont joints. Écriture simple et fluide. Texte émouvant.