AMMANITI Niccolò « La vie intime », trad. de l’italien par Myriem Bouzaher.
Roman très moderne sur la vie trépidante de l’épouse du président du Conseil italien. Ex-mannequin, elle porte le titre de la plus belle femme du monde, elle est entourée d’une ribambelle d’assistants, chacun de ses pas est surveillé, même le changement de sa couleur de cheveux est une question d’État. Ainsi, on se demande ce qui se passera quand elle vit avec un peu trop d’émotion l’irruption dans sa vie de l’amant de ses 20 ans… Panique à bord : scandale en vue ! Ne dévoilons rien de l’intrigue, mais soyez sûrs que vous rirez beaucoup. À la fois comédie et portrait d’une épouse-mère-amante sous les feux des projecteurs. Très réussi et intelligent.
BEAUSSAULT Mathilde « Les Saules », Seuil (Cadre noir)
Nous sommes en Bretagne, la Bretagne intérieure, la paysanne, celle qui élève des porcs et a des terres peu riches. Marie, 17 ans, fille unique du pharmacien de la bourgade et de son épouse, est retrouvée morte, assassinée au bord de la coulée, petit bras de la rivière. Qui l’a tuée, pourquoi… Premier roman de cette auteure, au langage parfois peu soutenu, voire trop familier, mais qui s’accorde très bien avec l’ambiance de ce crime et son côté sordide. C’est un 1er roman réussi. Mathilde Beaussault possède une véritable aisance d’écriture.
BENAMEUR Jeanne « Vivre tout bas » Actes Sud, 192 pages.
Une femme est assise sur une pierre et elle contemple la mer. Elle s’immerge dans son environnement, le vent, les plantes et doucement l’absent est là avec elle et elle ressent une grande paix. Cette femme n’est pas une femme comme les autres, c’est la Vierge Marie qui a été choisi par Dieu pour porter son fils Jésus. Après sa mort elle a fui, accompagné par l’apôtre Jean qui veille sur elle. Dans le petit village où elle habite maintenant elle rencontre une petite fille muette à qui elle va apprendre à lire et à écrire et à retrouver des moments de joie. Jeanne Benameur fait de Marie un personnage complexe, bien sûr la mère éplorée mais aussi une femme qui lit, qui écrit les malheurs de tous et qui malgré tout trouve la paix et le bonheur. C’est un texte lumineux qui reste longtemps en nous. Magnifique.
BENEDICT Marie « L’affaire Mitford », trad. de l’anglais (États-Unis) par Nathalie Serval, Les Presses de la Cité.
Marie Benedict est une avocate américaine diplômée d’histoire. – Issues d’une vieille noblesse anglaise, les 6 sœurs Mitford règnent sur Londres : les jeunes femmes, belles, excentriques mènent une vie mondaine intense. La criseéconomique de 1930 sonne le glas de l’insouciance. DIANA crée le scandale en divorçant et devient la maîtresse officielle d’OSWALD MOSLEY, chef de file du parti fasciste anglais. Elle côtoiera Hitler personnellement et n’aura de cesse que de pousser son mari dans les hautes sphères du nazisme anglais. UNITY, partie étudier en Allemagne deviendra l’amie d’Hitler, elle convertira même ses parents au nazisme. NANCY voit le poison du nazisme contaminer sa famille. La jeune romancière décidera de mettre ses talents au service de son pays et se rapprochera de WINSTON CHURCHILL, le cousin de sa mère, quitte à trahir les liens du sang.
BESSON Philippe « Vous parler de mon fils », Éditions Julliard, 01/25, 196 p.,
Hugo, un adolescent de 14 ans, victime de harcèlement scolaire, est mort depuis un mois lorsque son père décide de nous livrer cette tragique histoire. Ni les stratégies individuelles d’Hugo ni le soutien de ses parents et des institutions n’arrivent à bout de cette inéluctable escalade dans la haine et la violence. Philippe Besson évoque avec délicatesse et sensibilité le long travail de deuil de cette famille accablée par le chagrin face à ce fléau malheureusement toujours d’actualité.
CLERC-MURGIER Hélène « MEURTRES EN CINQ ACTES » Cl Charbo.
Actes Sud, Janvier 25, 328 pages.
Trois hommes poignardés de la même façon, rivalité entre acteurs ? Entre médecins ? Règlements de compte politique ? Si vous voulez tout savoir sur Paris au XV° Siècle, ses rues, ses théâtres, ses rivalités, ce livre est pour vous. Si vous aimez les polars subtils, les enquêtes sans digressions, ce livre n’est pas pour vous !
ECHENOZ Jean « Bristol » Editions de Minuit, 1/25, 205p.
Absorbé par ses pensées, Robert Bristol ne réalise pas qu’un homme tout nu vient de s’écraser sur le trottoir à 8 m de lui. Il y a de la circulation dans la rue des Eaux. Robert est préoccupé par le film à petit budget qu’il va réaliser, adapté du roman de Marjorie des Marais, 300 best- sellers, qui sera tourné en Afrique. Roman malicieux, léger, plein d’humour, de péripéties et rebondissements. Totale réussite.
GARDNER, Lisa « DERNIERE SOIREE » éd Albin Michel 01/25, 457p
Une nouvelle recherche pour Frankie, épatante héroïne de l’auteur. La voilà devant une sacrée énigme : il y a 5 ans, TIM ainsi que quatre copains sont partis, munis de pas mal de bouteilles, histoire d’enterrer la vie de garçon de TIM. Mais au terme d’une expédition pleine d’embûches, c’est ce dernier qui disparait un soir sans laisser de traces. Depuis, son père a beau le chercher désespérément, aucun indice, rien. A Frankie de commencer sa quinzième recherche, aidée par les copains qui eux sont revenus ainsi que des amis de bonne volonté. Bien sûr, elle y arrivera, mais après moult accidents etc.Se lit très facilement, l’auteur maîtrisant beaucoup de rebondissements.
GROFF Lauren « LES TERRES INDOMPTEES » Cl Charbo. Ed L’Olivier, traduit de l’Anglais (USA) Janvier 2025, 265 pages.
Au début du XVII° Siècle, la jeune servante fuit la faim, l’épidémie, les mauvais
traitements de la colonie anglaise de Floride à travers les forêts sauvages. La faim, la soif, la douleur, la peur…Mais l’éclatante beauté des ciels nocturnes et des forêts sauvages. Un livre magnifique mais un peu difficile.
HJORTH Vigdis « MERE EST-ELLE MORTE » Cl Charbo. Actes Sud, traduit du Norvégien, Janvier 25, 372 pages.
Johana a tout plaqué, père, mère, époux, pour suivre Mark au Etats Unis. Trente ans plus tard elle revient en Norvège, cherche à renouer avec sa vieille mère. Son journal raconte toutes ses tentatives vouées à l’échec, ses souvenirs d’enfance, ses réflexions sur les relations mères/filles. Long et difficile d’accès.
JOSSE Gaëlle « De nos blessures un royaume », Buchet-Chastel, 1/25, 170 p.
Agnès, danseuse, vient de perdre Guillaume d’une maladie. Son amour. Guillaume avait un livre qui l’accompagnait partout dans sa vie. Elle décide d’apporter ce livre à Zagreb dans Le musée des relations rompus qui existe réellement. Elle prendra son temps pour atteindre la Croatie, voyageant en car. Elle va lire une dernière fois ce livre auquel Guillaume tenait tant. Il raconte l’histoire de la relation merveilleuse entre un père et son enfant différente au début du XXe siècle. Gaëlle Josse a reçu le prix OCB. Elle n’a écrit que des merveilles. Ce dernier ouvrage n’échappe pas à la règle : c’est une nouvelle merveille. INCONTOURNABLE.
LAFON Lola « Il n’a jamais été trop tard », Stock, 1/25, 226 p
Lola Lafon est écrivaine, chanteuse, compositrice, féministe. Auteure, entre autres de « La petite communiste qui ne souriait jamais ». Son dernier ouvrage n’est pas un roman. Elle a composé cet essai à partir de billets qu’elle a écrit pour le journal Libération
: réflexions sur les faits sociétaux de ces deux dernières années. Comme le dit très bien Lola Lafon en avant-propos : « ce livre est une histoire en cours. L’histoire de ce qui nous traverse, une histoire qu’on conjuguerait à tous les singuliers ».
LÉVY Bernard-Henri « Nuit blanche », Grasset, 1/25, 186 p.
Une nuit dans la vie d’un homme qui ne dort pas. Unité de lieu : son appartement – et le temps : ces heures redoutables où on cherche un sommeil qui ne vient pas ! L’action : c’est la ronde de questions qui se posent à tous les insomniaques, la nuit sera blanche ou noire ? Quand on perd le sommeil comme d’autres l’ouïe ou la vue ! L’auteur se pose des questions sans fin, son esprit divaguant dans tous les sens : ma fille ne m’a pas téléphoné ! Mon Dieu, mon rendez-vous de demain sera-t-il raté ? Rien à faire pour dormir, je me lève, je vérifie si mes rideaux sont bien tirés, etc… Et maintenant choisissons un de ces somnifères ; tout en me disant qu’en Ukraine, j’ai vu de vieux combattants dormir debout ! Même les condamnés à mort finissent par s’endormir. Voici un aperçu de ce livre – confession bien à l’opposé de ce qu’on imagine comme philosophe et donneur de leçons !!! Spirituel, écrit au gré de ses insomnies en pensant aux autres insomniaques qui se reconnaîtront, sans aucune construction… et voilà son charme !
MALTE Marcus « Aux marges du palais », Éditions Zulma, 8/24, 496 p.
Cette satire sociale est marquée par une langue particulièrement inventive ; l’auteur base sa langue sur des jeux de mots, c’est très adroit et efficace. Fous rires garantis ! Il y a le président dans son palais avec toute sa clique, et un manoir abandonné que squattent des personnages déglingués rassemblés autour de la Baronne. Ceux-ci réussissent à mobiliser une grande part de la population dans la révolte qu’ils préparent. Entre les filets des deux trames se coincera la fille unique du président, en quête de liberté et d’amour… Très original, drôle et intelligent.
MARAINI Dacia « Vita mia » Une enfant italienne dans une prison japonaise (1943-1945) », trad. de l’italien par Marc Lesage, Payot, 1/25, 185 p.
En 1938 Dacia Maraini n’a que deux ans lorsqu’elle quitte l’Italie avec ses parents (mère artiste et père ethnologue) pour le Japon. Ses deux sœurs y naissent et les trois enfants grandissent dans la culture nippone. Mais en automne 1943, la famille est incarcérée à Nagoya avec d’autres adultes italiens : tous ont refusé de prêter allégeance à la république de Salò que vient de fonder Mussolini. Les Japonais les considèrent comme « traîtres à la patrie » et les conditions de détention sont très dures. La nourriture est détournée par les geôliers, très peu d’eau, aucun traitement de faveur pour les fillettes. Pour tenter de les sauver, leur père devra accomplir un acte courageux en s’inspirant du code d’honneur des samouraïs. L’auteure témoigne sur son vécu au Japon durant un fait peu connu de l’Histoire de la deuxième guerre mondiale : la vie dans ce camp de concentration où les prisonniers luttent pour leur survie (faim, maladies, manque d’hygiène, humiliation…). C’est aussi une analyse, une profonde réflexion sur des sujets en rapport avec l’humain : pourquoi témoigner, la Shoah, la violence, les conditions imposées dans ce camp, la guerre, ainsi que sur la société japonaise (l’Empereur, leur mode de pensée, leur conception de la société, la religion…). Une belle écriture fluide. Un livre sur la condition humaine, instructif et culturel. Exceptionnel !
MIN TRAN HUY « Ma grand-mère et le Pays de la poésie » FLAMMARION, janvier 2025, 176 pages.
L’autrice nous raconte l’histoire de Bà sa grand-mère vietnamienne. Femme forte, d’apparence frêle, elle a traversé les guerres, les deuils, les épreuves, mais arrivée en France elle a su donner à ses petites filles un amour inconditionnel, une force et une culture. A travers cet ode à sa grand-mère, largement émaillée de contes vietnamiens, l’autrice se découvre, s’interroge sur ses racines, nous parle d’elle et de son rapport à l’écriture.
MURAKAMI Haruki « La cité aux murs incertains », trad. du japonais par Hélène Morita avec la collaboration de Tomoko Oono, Éd. Belfond, 01/25, 548 p.
Roman ésotérique qui fait réfléchir sur le monde réel et celui qu’on s’inventerait. Trois histoires nous sont racontées : cela commence par un amour pur entre adolescents, se développe dans la Cité imaginaire ceinte de hauts murs, et se termine à
l’âge adulte dans une bibliothèque de campagne isolée en montagne. On baigne dans un monde d’illusions et de magie : les situations rêvées se réalisent, les vivants y côtoient des fantômes, les remparts de brique ont des pouvoirs surnaturels, les unicornes s’y baladent mais succombent aux rudes hivers de la Cité… L’ensemble aurait pu tenir sur 300 pages. Avec trop de redites, ça vire à un tourbillon incontrôlé de la pensée philosophico-fantastique de l’auteur.
PATCHETT Ann « Un été à soi » Actes Sud, Traduit de l’anglais USA par Hélène Frappat, 312 pages.
Pendant le confinement Laura et Joe ont le bonheur de réunir leurs 3 filles à la maison. Ils vivent dans une ferme et cultivent des cerisiers. Faute de saisonniers Laura et ses filles sont chargées de la cueillette. Emilie l’ainée veut reprendre la ferme avec son futur mari Benny, Maisie poursuit ses études de vétérinaire et la petite Nell rêve de devenir comédienne comme sa mère. Car Laura, avant de devenir fermière a été choisie pour jouer dans une pièce de théâtre et faire un film. Le livre se situe donc dans les deux temps, pendant l’été 1997 où Laura fait ses premiers pas d’actrice et vit son premier amour avec Duke qui deviendra un comédien célèbre et le moment où elle dévoile son passé à ses filles. Ann Patchett nous livre un huis clos plein de douceur et d’amour qui fait du bien. A découvrir
RUM Etaf « Mauvais œil » Les Editions de l’Observatoire, trad. de l’américain par Dinis Galhos, 1/25, 410p.
Deux familles d’immigrés palestiniennes, installés dans une petite ville de Caroline du Nord. Yara enseigne les arts à l’Université. Elle veut devenir peintre. Mais sa vie de femme mariée avec 2 enfants, pleine d’obligations domestiques, l’anéantie. Yara avait vu l’étincelle de vie s’éteindre dans les yeux de sa mère qui voulait devenir chanteuse, elle avait une voix merveilleuse, avec 6 enfants à élever et un mari qui la battait. Fadi, le mari de Yara est distant alors qu’elle lui mitonne de succulents plats orientaux. Sa mère l’a prise en grippe, son poste à l’Université a été supprimé. Yara, en dépression, se fera soigner. Est-ce la malédiction prédite par une diseuse de bonne aventure ? Elle guérira, divorcera et peindra tout son saoul. Beau roman de résilience, attachant.
SPRINGORA Vanessa « Patronyme », Grasset, 1/25, 357 p.
Quelques jours après la sortie de son premier livre, Vanessa Springora apprend le décès de son père. En vidant son appartement, elle découvre deux photos de son grand-père paternel portant des insignes nazis. C’est le début d’une traque obsessionnelle pour comprendre qui était ce grand-père dont elle porte le nom. De Paris, sa recherche la conduira à Berlin, puis dans l’ancienne Tchécoslovaquie où elle espère retrouver des descendants de sa famille. C’est aussi une quête sur son propre père qu’elle n’a pas revu depuis dix ans. C’est une enquête où se réfléchissent légendes familiales, sources documentaires, fiction et témoignages. Très belle écriture avec du vocabulaire choisi, une bibliographie recherchée. Des passages intéressants, en particulier sur l’historique des Sudètes. Cependant, quel est l’intérêt de ponctuer de réflexions autocentrées ce récit qui la concerne personnellement ? En un mot : c’est vain. À lire si vous en avez l’occasion.
STHERS Amanda « Les gestes », Stock, 1/25, 285 p.
Alors que le narrateur s’apprête à adopter un enfant, son père meurt. Pour offrir à son fils un morceau de son histoire, il veut lui raconter la vie de ses ancêtres : Hippolyte son père, juif égyptien, fantasque, coureur de femmes ; ses grands-parents qui vécurent au moment où Nasser chassa les juifs, et où la famille partit en Grèce puis en Italie. C’est une fresque familiale ratée de par le nombre de personnages pourtant aux incroyables destins, mais justement trop difficiles à suivre, par manque de construction? Dommage car aurait pu être passionnant, l’auteur étant très douée dans plusieurs de ses récits et son style qui m’a plu !
THURIN Paul « Le livre de Joan », Seuil, 01/25, 358 p.
En 1318, Joan de Leeds vit dans un couvent de bénédictines dans lequel elle a été placée enfant à la mort de ses parents. Là elle se soumet aux règles strictes de l’Abbesse, faites de prières, jeûne, punitions. Avec d’autres sœurs, amies, elles se retrouvent la nuit pour organiser sa fuite. Joan en a assez de la vie du couvent, elle veut découvrir le monde. Parvenue à ses fins, Joan n’est pas au bout de ses peines car l’Abbesse va tout tenter pour la ramener de force auprès de Dieu ! Ce roman, facile à lire, bien écrit, se lit d’une traite. Il tient à la fois du roman picaresque et du roman d’aventures ; on suit avec intérêt les pérégrinations de la jeune Joan, ses rencontres, ses amours, ses réflexions philosophiques ou religieuses d’autant plus que la jeune femme vive, intelligente, à la fois spirituelle et pragmatique, est attachante.
VINGTRAS Marie « LES ÂMES FEROCES » Cl Charbo. Ed L’Olivier, Août 24, 266 pages.
Une petite ville au fin fonds des Etats unis où il « ne se passe jamais rien ! » Et pourtant tant de violences cachées que révèle l’assassinat de la jeune Jo. Chaque protagoniste a sa part d’ombre…Violent mais excellent.
BEIGBEDER Frédéric « Un Homme seul » Grasset, 1/2025, 219p.
« Je me suis rendu à l’abbaye-école de Sorèze avec mes enfants qui voulaient découvrir le Poudlard de leur grand-père : aucune pièce chauffée, châtiments corporels quotidiens, pédophilie tolérée. N’ayant pas reçu d’amour parental, mon père ne sut jamais comment exprimer le sien. Il fut exilé dans un collège suisse, obtiendra une bourse pour étudier aux Etats-Unis et deviendra chasseur de tête. Il disait « Les dirigeants d’entreprise sont tous des pervers narcissiques. » Mon père détectait tout. L’honnêteté, la pugnacité, la créativité, le charisme, l’empathie mais aussi les failles et les limites. Toute sa vie, le boulot de mon père a été de servir d’intermédiaire entre les puissants. Il a travaillé pour Air France, Alsthom, BNP, Danone, LVMH, Michelin, Peugeot, Renault, St Gobain, Sanofi, Schneider, Sodexo, Total, Veolia, Vinci et Vivendi. Comment un individu aussi discret que mon père a-t-il pu engendrer un romancier aussi extraverti comme moi ? Mon père m’a enseigné le fatalisme et le sarcasme.
C’est en 1976 qu’est né mon style arrogant blasé et cynique. Papa se moquait de ma carrière de « littérateur » jusqu’au Prix Interallié en 2003 (le 11 septembre) et il tenait à être invité chaque année au Prix de Flore. » Authentique, émouvant.
B – NIMIER Marie « Le Côté obscur de la Reine » Mercure de France/Traits et portraits, 1/25, 253p + photos.
« Tu étais vraiment pot de colle quand tu étais petite. Il fallait que tu sois toujours dans mes jambes » Ma mère me montre tous les signes de l’amour, sans l’amour. Ou alors avec l’amour, mais à côté, comme on arrose une plante à côté du pot. Quand je dis à mes amies que je n’aime pas ma mère et que je ne vais la voir que pour accomplir mon devoir, je sens de la réprobation dans leurs regards. Ma mère a eu 3 enfants en 3 ans. Elle était splendide et fantasque ! Roger Nimier avait des maîtresses dans tous les coins mais il était jaloux. Il ne supportait pas que sa femme soit avec un autre. Quand il s’est tué dans un accident de voiture, ils étaient séparés depuis un an. Récit très attachant, lumineux.
B – TARDIEU Laurence « Vers la joie » R.Laffont, 1/2025, 172p.
En mars 2020, Adam, 4 ans ½, fils de l’auteur, atteint d’une leucémie aiguë myéloblastique, doit recevoir une greffe de moëlle osseuse de sa sœur Gaïa, âgée de 19 ans. 158 jours d’hospitalisation. Le Covid empêchant de puiser du réconfort auprès des proches, le couple éclate. Je vis à la fois dans le monde de l’intense et celui du détachement. Pendant des mois tout a été une question de vie ou de mort. Aujourd’hui, j’ai perdu le monde d’emploi de la vie dite normale : je ne sais plus comment vivre en dehors de cette immensité alors que mon fils est guéri ! L’écriture la sauvera. Poignant et très beau.
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