ALLAN Nina « Les bons voisins » Ed Tristam,09/25 308 p,

Une tuerie familiale a eu lieu jadis en Ecosse sur l’île de Bute. Vingt ans plus tard, Catherine, notre héroïne, retourne sur les lieux de sa jeunesse. Elle est photographe et s’intéresse aux maisons où ont lieu des crimes. Elle retrouve la maison où justement vécurent et furent assassinés sa meilleure amie et sa famille. L’auteur mêle les genres, fantaisie et histoires se succèdent dans ce roman.


BEAUVAIS Clémentine « L’âge tendre » Ed J’ai Lu 08/20, 473 p,

Ce roman d’apprentissage à connotation dystopique écrit à hauteur d’adolescent donne la parole à Valentin qui doit effectuer un stage dans le cadre du service civil obligatoire (SCO) au sein d’un Ehpad et plus particulièrement dans une unité qui accueille des personnes âgées atteintes de démence et en fin de vie. A travers ce récit, l’autrice aborde le lien intergénérationnel avec humour et originalité. Valentin sortira grandit de cette expérience. Un roman jeunesse pleine d’espoir à mettre entre toutes les mains.


BENZINE Rachid « L’Homme qui lisait des livres » Ed Julliard -08/25, 124 p,

Au milieu des ruines fumantes de GAZA, un vieil homme assis devant une devanture de livres, des centaines ! Un journaliste, attiré par ce curieux spectacle, l’interroge : ils vont faire connaissance devant un thé. Le libraire va lui confier son passé : une mère musulmane, un père chrétien qui mènera une vie de labeur. Leur fils pourra faire des études chez les soeurs chrétiennes. En 48, l’indépendance d’Israël le retrouve sortant de l’Université. Marié, il manifeste et c’est la prison, il lit … Et en sortant de geôle il ouvre une librairie. Un petit livre intéressant de par l’histoire côté palestinien, sans aucun parti pris ni haine.


BUCK Vera « La Cabane dans les arbres » Édition Gallmeister, août 2025. Traduit de l’allemand. 465 pages.

Ce roman policier a été précédemment analysé par Magali Roig pour le précédent cercle. Je n’enlève aucun mot à son analyse. Je tiens juste à ajouter que non seulement l’intrigue est très bien ficelée mais le sujet a une certaine originalité. Nous sommes dans un univers différent de l’anglo-saxon, de l’américain ou du scandinave (même si le roman se passe en Suède).


CARREAU Nicolas « L’affaire Alfred Langevin », JC Lattès, 3/25, 216 p.

Imaginez un petit village de l’ouest de France, la rédaction de son journal local, un garde-champêtre qui fume des cigarettes invisibles, le propriétaire de l’usine Charrues Socque et ses habitants qui, l’un cultive son jardin, l’autre laboure son champ. D’habitude il ne s’y passe jamais rien, et – à la recherche d’une vie paisible – les gens viennent même de Belgique pour s’y installer. Or, ce roman est la chronique des phénomènes extraordinaires qui s’abattent tout d’un coup sur le village… Dans un coup de génie, l’auteur jongle entre deux perspectives de narration. Tenez bon tout le long, vous n’êtes pas au bout de vos surprises ! Ce roman plein d’humour est un régal de légèreté.


CARRERE Emmanuel « KOLKHOZE ». POL Septembre 25, 548 pages,

Les aïeux, la Russie, la guerre en Ukraine, l’auteur nous en a souvent parlé ; j’aurais préféré qu’il se restreigne à ce qu’implique le titre du livre : KOLKHOZE la partie la plus intéressante du livre, à savoir les relations entre Hélène et ses enfants : KOLKHOZE c’est ainsi qu’ils appelaient le cercle affectueux de la maman et de ses petits, cercle qui s’est reconstitué autour de son lit de mort. Entre les deux, des années de haine et d’amour entre la mère et son fils ; portrait au vitriol d’une femme qui, pour compenser une enfance humiliante de petite émigrée a sacrifié par ambition son mari et ses enfants.


CERCAS Javier « Le Fou de Dieu au bout du monde » Actes Sud 576 p.

Tout commence par un coup de téléphone du Vatican à Javier Cercas lui demandant d’accompagner le Pape François en Mongolie -le bout du monde- et d’en tirer un livre. Lui, l’athée, l’anticlérical va accepter cette proposition à une condition : pouvoir poser à François la question de sa mère, très croyante, qui veut savoir si elle retrouvera son père à sa mort. Le voilà donc au Vatican à préparer le voyage. Avec les membres de la Curie ils vont échanger sur François, le Pape des pauvres, sa conception de l’église. Sur un sujet austère Javier Cercas réussit un livre très intéressant, souvent drôle. Oui le Pape va répondre à Javier mais dans les toutes dernières pages du livre.


CRESSAN Séverine « Nourrices » Ed. Dalva, 2025, 266p,

Dans ce village, une denrée précieuse fait vivre les familles : le lait maternel. Sylvaine, son garçon à peine sevré, accueille chez elle une petite de la ville. Mais une nuit en pleine forêt, elle découvre un bébé abandonné et, à ses côtés, un carnet qui raconte son histoire. Elle recueille ce nourrisson avec lequel elle tisse immédiatement un lien fusionnel. C’est un roman social, sur un sujet peu traité, aux accents de conte, où mythe et réalité s’entrelacent. L’auteure met à l’honneur ce geste ancestral qui est de nourrir son enfant. Une ode aux femmes, qui sont au premier plan. Une plume percutante, visuelle, sensorielle et poétique avec un langage parfois cru.


DAAS Fatima « JOUER LE JEU » ED de L’OLIVIER, août 2025, 184 pages,

KAYDEN est une jeune fille d’origine algérienne, elle a une grande famille et des amis hauts en couleurs, par-dessus tout elle aime écrire, KAYDEN est heureuse ; Lors de son orientation en seconde elle voulait choisir un CAP petite enfance ; mais c’est une très bonne élève, elle doit aller en seconde générale, alors, KAYDEN accepte et fait semblant. Sa professeure de littérature la remarque, et lui conseille de préparer Sciences Po. Elle l’aide, la dirige dans son travail, KAYDEN perturbée et troublée par l’attention de sa professeure, accepte et fait semblant. Dans un style très actuel, l’auteur nous fait découvrir l’évolution d’une jeune fille, qui se cherche y compris sur le plan sexuel, et qui va mettre à profit ces années préparatoires, pour découvrir qui elle est, faire ses propres choix et enfin ne plus faire semblant.


DESARTHE Agnès « L’Oreille absolue » L’Olivier, 8/2025, 137p
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Un petit village où la vie des gens s’entremêle dans la tendresse ou le malheur. Un homme désespéré prêt à se pendre, est empêché de le faire à cause d’un petit garçon qui joue à cache-cache dans la grange avec un copain. Un couple qui élève 8 enfants dont certains ne sont pas de lui. Peu importe, il adore sa femme, une jolie rousse. A l’approche des fêtes de fin d’année, la commune prépare son concert. Chacun se doit d’y assister et mettre de côté jalousies, querelles, ex, remariages. Un musicien prépare un concours avec un homme à la merveilleuse voix, qui ne sait pas lire les notes…Une femme retrouve son amant disparu. Destins qui se nouent au sein de l’harmonie municipale. Une réussite. Ferait un délicieux film ! Très attachant.


D’ESTIENNE D’ORVES, Nicolas « Simone Signoret, histoire d’un amour » Septembre 2025, Calmann-Lévy. 313 p

Simone Signoret évoque sa vie : de 1949 à 1962, c’est à dire de sa rencontre avec Montand à la mort de Monroe, elle égrène ses souvenirs heureux ou malheureux. En 1949, mariée avec Yves Allegret, père de sa fille, elle mène une vie bourgeoise, tranquille. Elle est déjà une star du cinéma français quand elle rencontre Montand qui débute dans la chanson. Très vite, ils s’installent sur l ’Île de la Cité, dans un appartement, la fameuse « roulotte ». Elle est une grande actrice, travailleuse, ambitieuse, lui un chanteur moderne, charmeur, fougueux. Ils s’engagent en politique, militent, rencontrent Kroutchev… Quelle vie passionnante ! Mais Montand plaît aux femmes, trompe sa femme avec des actrices, des figurantes, ce qui va causer une peine immense à Signoret. A travers ce roman vivant, à l’écriture fluide, bien documenté, Étienne D’Orves nous fait revivre la vie très riche de Signoret : sa beauté blonde, ses rôles légendaires, son succès incroyable en Amérique mais aussi sa souffrance, sa longue décrépitude. Ce roman n’est pas une hagiographie, Montand est lâche, menteur, Signoret peut se montrer cruelle, vacharde, cassante.


DEVERS Nathan « Surchauffe » A.Michel, 8/2025, 330p,

Jade travaille pour Arcadie, un groupe hôtelier qui dirige l’implantation d’hôtels de luxe dans le monde entier. On va lui proposer de superviser l’édification d’un palace dans les îles Andaman, sur la commande d’un magnat indien. Mais c’est un archipel où vit l’un des derniers peuples premiers du monde, appelés les Sentinelles. Ils refusent toute intrusion et tuent les étrangers qui pénètrent sur leur territoire. Jade va réussir à pénétrer sur leur terre !? Elle déposera en offrande sur la plage, des noix de coco qui s’avèreront miraculeuses ! Les Sentinelles lui feront la fête, fous de joie ! Invraisemblable histoire !


EVERETT Percival « James » Editions de l’Olivier 288 pages

James c’est la version du livre de Mark Twain Huckleberry Finn du point de vue de James l’esclave et cela change tout. Bien sûr le côté livre d’aventure subsiste puisque Huck fuit son père violent en compagnie de James. Mais James part pour ne pas être vendu et pour trouver de l’argent pour sauver sa femme et sa fille. James va se révéler être un homme d’une grande intelligence, possédant plusieurs langages- celui de la soumission devant les blancs et sa vraie langue en leur absence. Percival Everett rend sa dignité à James l’esclave. Il en fait un personnage avec des douleurs, des espoirs et des rêves. Profondément humain, bien loin de l’image véhiculé par Mark Twain. James ou Jim, c’est l’esclave de l’entourage de Huckleberry Finn que le romancier développe en inversant la perspective : ici c’est Jim le narrateur et il est instruit et plein d’esprit. Poursuivis par l’aboiement des chiens qui le traquent sur terre, Jim le fugitif et Huck voguent ensemble sur le Mississippi ou, plutôt, ils dérivent le long du fleuve la nuit, sur leur radeau et canoë, ils y pêchent du poisson-chat, et côtoient des bateaux à roue et à vapeur. La liste des crimes pour lesquels Jim est recherché ne cesse de s’allonger. Et sa colère et sa haine vont grandissant, contre toutes les injustices dont il est témoin ou victime… L’histoire de sa fuite est une pure aventure sur le Mississipi et tous ses paysages. Roman humaniste au style malin et intelligent qui redresse les torts de l’esclavagisme. Prix Pulitzer 2025.


FRANCO Jean « Le Monde est petit » Édition Novice. 330 pages.

Jean Franco est dramaturge, comédien. C’est son 1er roman. Nous sommes en 1931. Alfred Tocquesaing, scientifique français, est en congrès à Budapest avec sa jeune épousée Louise et sa petite bonne Charlotte, en voyage de noce. Il y rencontre un professeur hongrois de grande renommée, qui lui énonce sa théorie des 6°. Et ainsi est lancé le pari : aller serrer la main de Charlie Chaplin à la 6éme personne créant un lien entre Alfred et Charlie. Dès les premières lignes, on a le sourire aux lèvres, sourire que l’on garde jusqu’à la dernière ligne. Et de nos jours, c’est rare ! Nous allons de Budapest à Los Angeles en passant par Marseille, Chicago, en voiture, en train, en carriole, en paquebot, en avion en rencontrant Raimu, Tintin et même Al Capone. Très bien documenté, très vivant, une comédie construite sur une idée originale magnifiquement menée et qui nous sort du monde anxiogène qui nous entoure.


GAUDE Laurent « Zem T2 » Actes Sud, 8/2025, 267p,

Zem Sparak a quitté Athènes il y a 30 ans, parce que son pays ruiné a été vendu ! De retour à Magnapole, Zem, l’ancien flic déclassé de la zone 3, le « chien » au matricule 51 dans le tome 1, assure la sécurité de Barsok, l’homme qui a promis d’abolir les différences de classe. Le jour où arrive au port un cargo tirant un immense iceberg d’eau douce, on fait une macabre découverte dans un container. Zem mènera l’enquête, conjointement avec Salia Malberg, inspectrice. Et ils vont savoir ce que cache le Consortium Goldtex. A l’autre bout du monde, des humains s’empoisonnent dans l’extraction du minerai nécessaire au confort des habitants de Magnapole. Miroir de nos sociétés consuméristes et de leur effondrement. Roman de science-fiction : Zem et Salia ont intelligence artificielle et assistant numérique dans l’oreille. Les voyages se font en hibernation dans des sarcophages.


LAURENS Céline « La maison Dieu », Albin Michel, 8/24, 234 p.

À une époque indéfinie, une « maison de maitre plantée entre le champ et le cimetière » abrite une famille assez bizarre : « Monsieur, comme Madame, ils ont de drôles de manières » : ils vivent reclus, et pourtant, « Madame et Monsieur ne s’adressaient pas la parole ». Leur fils Abel est un être à part, comme il le dit lui-même : « Je suis un être double. Enfant dedans, adulte dehors ». Et la domestique en communion avec la nature apprend à la fille le pouvoir des herbes et plantes médicinales… En parallèle du feu d’artifice tiré pendant la fête du village, la maison brûlera et il y aura des victimes… C’est vrai que depuis 7 ans déjà on signalait des incendies aux alentours. Qui est le pyromane ?


LESIEUR Jennifer « Les Amants nomades – Fanny et Louis STEVENSON » Ed Arthaud -03/25 -274 p

Dans un essai passionnant et très documenté, l’auteur retrace la vie étonnante de R.L. STEVENSON et de sa femme Fanny née OSBORNE. Derrière ce nom synonyme de littérature d’aventure, se cache une vie encore plus romanesque que ses livres !! Car il avait à ses côtés une épouse hors norme : Fanny, de 10 ans son aînée, était mariée et mère de famille, se rencontrèrent en France, lui le bourgeois d’Edimbourg sans avenir particulier, famille « collet monté » et plutôt à l’aise, elle ayant échappé à un mari aux idées moins larges que cette pionnière défrayant la chronique ! Dès leur rencontre, pour l’épater, STEVENSON se lance dans ce fameux voyage dans les Cévennes sur un âne, ce qui fera un de ces premiers livres à succès. Il écrivait sans relâche et pour un éditeur ami. Sa santé éternellement fragile va les obliger à partir continuellement au soleil, en Californie, puis dans le Pacifique dans l’île de Samoa où il mourra à 44 ans. L’essence même de son oeuvre qui le suivra partout où il ira sera avec l’aide de Fanny. Citons seulement « DR JEKILL et MISTER HYDE », « L’ÎLE AU TRESOR » … Ce n’est qu’un petit résumé d’une vie passionnante, aux portraits attachants, et en admiration devant la documentation de l’auteur !!!


MAUVIGNIER Laurent « La maison vide » Editions de minuit 752 pages

En cherchant une légion d’honneur dans la maison familiale abandonnée et vide à l’exception d’un piano qui trône au salon, Laurent Mauvignier découvre de vielles photographies où un visage de femme a été découpé aux ciseaux. Qui était cette femme et cela a-t-il un lien avec le suicide de son père ? Il va alors remonter la lignée de femmes, de son arrière-arrière-grand-mère Marie-Jeanne jusqu’à sa grand-mère Marguerite en passant par Marie-Ernestine qui n’a pas pu vivre son amour pour la musique. Que de destins contrariés pour toutes ces femmes. Un grand roman avec une langue classique mais entrecoupée de pages où Mauvignier nous interpelle sur la difficulté de faire revivre le passé. Oscillant entre souvenirs racontés et son imagination il donne corps à des personnages particulièrement émouvants.


NUNEZ Laurent « Tout ira bien » Rivages, 8/2025, 252p,

Les Macias et les Nunez, originaires d’Espagne et du Maroc, sont obsédés par les rituels contre le mauvais oeil. Chacun a son secret pour maitriser la malchance. Un cousin traque des reliques, un oncle joue au loto, une tante interprète les rêves, la maman habille de rouge les enfants, le jour de la rentrée, pour attirer la chance. Mains de fatma, philtres d’amour, plante verte porte-bonheur, tout est bon pour éloigner le mauvais sort. A 45 ans, j’ai sans doute dépensé la moitié de ma vie à jouer à cache-cache avec les superstitions de ma famille. Qui n’a jamais touché du bois en disant : tout ira bien ! Roman drôle et tendre.


SAPIN-DEFOUR Cédric « Où les étoiles tombent » Stock, 8/2025, 295p,

Mathilde et Cédric sont un couple passionné de parapente. C’est pour eux une forme de liberté. Ils vivent dans un van qui leur permet d’explorer des paysages variés et sublimes. Le 12 août, Cédric saute le premier et s’envole. Quand il se retourne pour savoir où est sa femme, il ne la voit pas tout de suite. Ça lui prendra du temps avant de la savoir au sol, vivante ou morte ? C’est le drame. Le récit de Cédric, pour raconter ce drame, est un témoignage unique à la femme qu’il aime sur le combat qu’elle a livré. Dommage qu’il y ait des longueurs. Récit chargé d’émotions mais jamais impudique. Tant de sensibilité, aucun apitoiement. Ecriture riche et poétique.


SHAFAK Elif « Les Fleuves du Ciel ». Traduit de l’anglais par Dominique Goy-Blanquet. Flammarion 24€.

Elif Shafak est née à Strasbourg. Parents diplomates turques. Elle vit à Londres. 9 romans parus en France. Les fleuves sont : le Tigre, l’Euphrate et la Tamise. Tout commence sous Assurbanipal, roi mésopotamien, cruel et érudit, 640 ans avant notre ère, le roi des Lamassu, génies aux ailes d’aigle, aux corps de lion, à la tête humaine et aux 5 pattes, protecteurs de cette civilisation. Une goutte d’eau, source de vie, tombe sur ce roi. Et nous passons en 1840, à Londres, sur les bords répugnants et nauséabonds de la Tamise où naît « le roi Arthur des égouts et des taudis « . Sa mère miséreuse envisage un instant de le jeter dans le fleuve. Surdoué, à la mémoire prodigieuse, il déchiffrera l’écriture cunéiforme. Et nous suivons Naryn, 9 ans, Yésidi, prise dans l’horreur du califat de Daesh et l’engloutissement de son village par la construction d’un barrage. Zuleekhah, chercheuse en hydrographie à Londres, venant de ce moyen- orient douloureux, vit sur une péniche. 3 destins emmêlés autour de l’eau. Roman digne d’un conte des « mille et une nuits « . Personnages attachants. Beaucoup de découvertes en culture générale, comme l’origine du mot EAU.


TOLEDO Camille de « Au temps de ma colère » Édition Verdier. 154 pages.

Camille de Toledo est le pseudonyme d’Alexis Mital, né en 1975 à Lyon. Beaucoup de diplômes en économie, sciences politiques en France, en Grande Bretagne et aux États-Unis. Vit à Berlin. Finaliste du Goncourt en 2021 pour « Thesée, sa vie nouvelle ». Dès les premières lignes, nous sommes immergés dans cet ESSAI. « J’ai grandi entre deux effondrements, 9-11 pour 9 novembre 1989,1-9 pour 11 septembre 2001 ; la chute du mur de Berlin et la chute des tours jumelles à New-York ». Il nous parle de sa colère contre « la révolte devenue une imposture ». Ecologie aussi « la douleur des rivières, des lacs, des vallées «. Colère jusqu’à changer de prénom et de nom. Alexis devient Camille, prénom épicène, et sa conversion au judaïsme en hommage à sa mère.


ZANNONI Bernardo « Mes désirs futiles » Ed. La Loupe, trad. de l’italien, 2023, 224p,

Archy, une petite fouine est née dans une tanière au milieu de la forêt. Devenue boiteuse suite à une mauvaise chute, elle est vendue par sa mère à Solomon, un vieux renard usurier qui a appris à lire sur une Bible. Initiée par son maître, Archy découvre le monde, ses vérités et ses mensonges, Dieu, le concept du temps et de la mort. Cette aventure philosophique à mi-chemin entre la fable et le roman d’initiation, nous questionne sur le temps qui passe, l’écriture et la transmission. Les animaux évoluent dans leur milieu. Leurs comportements, leurs raisonnements et sentiments sont très humains. L’auteur nous offre un beau récit d’apprentissage, original et plus profond qu’il n’y paraît. Plaisant à lire. Ce roman a été couronné par plusieurs prix littéraires italiens.


WAUTERS Antoine « Haute-Folie » Gall, 8/2025, 162p,

Gaspard Lafleur, géant de 2 m et sa femme Blanche, la douce, possèdent une ferme, Haute-Folie. Josef, leur enfant, est né un jour maudit : La foudre est tombée et tout a brûlé, une quarantaine de bêtes sont mortes. Aucune assurance. Un fermier voisin, pour aider, propose des travaux de restauration dans sa propre ferme. Mais Jünger est un bandit. Et Gaspard, le géant au doux regard, se pendra, avec écrit sur un carton Pardon pour tout, je n’y suis pas arrivé. Blanche ira égorger Jünger et se donnera la mort. Josef, 3 ans, sera recueilli par un oncle et une tante. Ces drames ne seront pas rapportés à Josef. Peut-on être en paix en ignorant tout de notre lignée ? Adulte, Josef s’en ira voir du pays. Sera instituteur, ouvrier dans le bâtiment, guérisseur et épinceur de pavés. Mais se sentira toujours poursuivi par une malédiction. On est emporté par la force du texte et la beauté des phrases. C’est tragique et magnifique. Auteur de Mahmoud ou la montée des eaux, Prix Wepler et Prix du Livre Inter.